Goma : le gouvernement force pour inhumer les victimes du carnage du 30 août, les familles et avocats s'opposent

Lundi 18 septembre 2023 - 12:21
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Les autorités provinciales du Nord-Kivu confirment, pour ce lundi 18 septembre, la mise en terre des victimes de la répression du 30 août dernier en ville de Goma (Nord-Kivu), d'après une note du service provincial du protocole d'État.

"Faisant suite au communiqué de presse du porte-parole du gouverneur de province datant du 17 septembre, le service provincial du protocole d'Etat confirme la tenue des funérailles des victimes du 30 août pour ce lundi 18 septembre au cimetière de Makao", lit-on dans le document qui annonce que Peter Kazadi, ministre congolais de l'Intérieur, sera présent aux cérémonies.

Les groupes de pressions, les mouvements citoyens ainsi que des membres se réclament des Wazalendo se sont opposés à cet enterrement. Dans une lettre adressée au maire de Goma la semaine dernière, ces derniers ont préalablement exigé la libération des rescapés de cette répression, qui avaient été arrêtés par les services de l'ordre.

Ils regrettent d'ailleurs que la mise en terre des victimes soit décidée de façon unilatérale par les autorités congolaises. D'ailleurs, consécutivement, de petites tensions entre manifestants et services de sécurité ont été enregistrés en certains endroits de la ville ce lundi 18 septembre.

"Vous ne pouvez pas enterrer les membres des familles des gens sans planification, arrangement et harmonisation avec leurs familles. C'est inacceptable. Il y en a même des familles qui, jusque-là, n'ont jamais retrouvé les leurs parmi les morts ni parmi les blessés", s'est plaint à la presse maître Jimmy Nziali du mouvement Génération positive.

Par ailleurs, les avocats de la partie civile dénoncent les conditions dans lesquelles les corps des victimes ont été conservés à la morgue ainsi que la façon dont le dossier est en train d'être géré. Ils s'opposent également aux funérailles qui ne tiennent pas compte de l'avis des familles des victimes. 

"Nous, collectifs des parties civiles, fustigeons ce manque criant de considération pour les morts et leurs familles qui s'apparente à un sadisme et demandons au gouvernement de renvoyer ces funérailles programmées sans associer les familles. Nous demandons au gouvernement d'inviter les familles des victimes à une rencontre d'harmonisation afin de dégager un point de vue commun", a dit maître Aaron Ashuza Nabugore qui a lu à la presse la déclaration au nom du collectif.

Il est rappelé que 43 personnes avaient perdu la vie le 30 août dernier en ville de Goma lors de la répression dans l'œuf d'une manifestation annoncée de la secte mystico-religieuse dite "Wazalendo".

Un procès est en cours à la Cour militaire du Nord-Kivu afin d'établir les responsabilités. Deux hauts responsables de l'armée sont notamment à la barre : le colonel Mike Mikombe, commandant brigade de Garde républicaine ainsi que le commandant Bawili du 19e régime de l'armée congolaise.

Isaac Kisatiro