Massacre d'une dizaine de civils à Mangina (Beni): la société civile regrette la non prise en compte de ses alertes par l'armée

Mercredi 3 avril 2024 - 13:47
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Photo 7SUR7.CD

La récente attaque des rebelles d'Allied democratic forces (ADF) dans la commune de Mangina, située sur la route nationale numéro 44 à l'ouest de la ville de Beni, suscite des réactions au sein de la population et quelques services de sécurité. 

La société civile déplore le fait que les alertes de la population ne sont pas prises en compte par les services de sécurité. Une situation qui fait que l'ennemi attaque des civils, occasionnant ainsi des pertes en vies humaines et d'importants dégâts matériels. 

« Nous avons alerté sur la présence des rebelles tout près de la commune de Mangina notamment à Mulwa, cela fait plus d'une semaine. Mais nos alertes n'ont pas été prises en considération par les différents services de sécurité. Voilà aujourd'hui, l'ennemi qui est l'ADF arrive jusque dans le centre de Mangodomu, tue les civils, enlève d'autres et incendie des biens de la population aux yeux de tout le monde. Et demain, on va dire que la population ne collabore pas avec les services de sécurité », s'indigne Muongozi Vunatsi, président de la société civile de Mangina.

Ces rebelles ont pris d'assaut le centre de santé de Mangodonu en ciblant les professionnels de la santé, témoigne un médecin joint par 7SUR7.CD, qui affirme avoir fui cet établissement sanitaire pour se mettre à l'abri. 

« Franchement, nous le personnel soignant du centre de santé de Mongodomu, nous étions la cible de l'ennemi. Lorsqu'il est arrivé, la pharmacie, la comptabilité voire la chambre où reste souvent les médecins ont été plus visés par l'ADF. J'ai vu à travers la fenêtre. Dans quelques minutes, ces gens qui faisaient de rotation dans la structure mais c'était grave. Voilà pourquoi, j'ai vite ôté le tablier pour fuir laissant le malade qui attendait l'intervention chirurgicale », confie à 7SUR7.CD Kambale Désiré, médecin traitant au sein du centre de santé de Mangodomu. 

Selon Kakule Mwendapeke, l'un des chefs locaux, après l'hôpital de Mongodomu, les assaillants ont ciblé les maisons de commerce et des engins roulants.

Les activités ont été paralysées dans plusieurs entités notamment à Mangodomu, Somicar, Tokou, Kyatsaba, a constaté le reporter de 7SR7.CD dans la région. Le secteur de transport est le plus touché. De nombreux déplacés de guerre ont préféré marcher à pieds jusque dans la ville de Beni. 

Quelques notables de Beni préconisent la mutation des anciennes unités des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) pour résoudre la question de l'insécurité à Mangina.

«Ces anciennes unités viennent de passer plusieurs années dans la zone et nombreuses d'entre elles se concentrent aux autres activités que la défense du peuple. Que leur hiérarchie pense à cela. Il y a eu alerte en temps réel sur la présence des ADF à Sayo, Toda, Mundubiena, Mulwa et environ, mais hélas, sans suite », ont fait savoir Muhindo Bravo Vukulu, acteur politique de l'Union sacrée de la nation et Alain Siwako, député provincial élu du territoire de Beni. 

Il sied de noter que plus de 30 personnes ont été tuées par des rebelles ADF notamment dans les quartiers Sayo et Matembo, en ville de Beni, et Mangodomu dans la commune de Mangina, en l'espace d'un mois. 

Les assaillants ont aussi pris en otage plusieurs civils qui restent jusqu'à présent introuvables, avant de se livrer aux incendies de biens de la population et au pillage systématique. Conséquence : nombreuses activités sont paralysées dans les entités précitées. 

Bantou Kapanza Son, à Beni

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