Beni : la marche de l’opposition étouffée à Kinshasa

Lundi 23 mai 2016 - 11:40
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A l’appel de l’opposant Vidje Tshimanga Tshipanda, leader de la Dynamique Congo Uni-DCU pour une marche de protestation contre les massacres répétés de la population de Beni, les Kinois se sont réellement mobilisées. Malheureusement, la police s’est interposée empêchant la marche. Elle a aussi arrêté et bastonné les manifestants. Pourtant, rien ne présageait une telle scène. Depuis les premières heures du matin, l’organisateur lui-même était déjà à la place Echangeur Limeté pour accueillir les manifestants. Vidje Tshimanga tenait une grande banderole où on pouvait lire ‘‘Non aux massacres de Beni’’. Ensuite, il traverse le boulevard pour s’installer à coté de l’entrée de la société des transports City Train à la 17émè, lieu qu’il a choisi pour le rassemblement et le départ de la marche. Marche qui devait passer par les boulevards Lumumba, Sendwe, Triomphal, l’ex-avenue du 24 novembre pour chuter par l’Hôtel du gouvernement sur le boulevard du 30 juin. Vers 9h00 quand les  leaders de l’opposition commençaient à arriver sur place et la foule grossissait de plus en plus, les responsables de la police débarquent pour exiger l’autorisation délivrée par l’hôtel de ville. Tshimanga est prié d’aller au commissariat de la police à l’Echangeur pour présenter le document. Aussitôt parti, les éléments de la police s’occupent des manifestants. Brutales arrestations, coups de fouet, chasse-poursuite contre les plus véloces et interpellation d’Albert Moleka, l’ancien directeur de cabinet d’Etienne Tshisekedi. Il a fallu des heures pour que toutes les personnes interpellées soient relâchées. Des journalistes et caméramans étaient aussi dans le lot. Incompréhensible, cette attitude du pouvoir, a décrié Vidje Tshimanga qui a été aussi brièvement interpellé puis libéré. Pourquoi on doit empêcher une marche qui désapprouve les tueries de Beni, s’est-il interrogé. L’hôtel de ville lui avait donné l’autorisation avant de se rétracter à quelques heures de la marche. Ils ont prétendu qu’il y aurait des infiltrés pour saper l’image du pays, a dénoncé un manifestant très en colère. Le leader de la Dynamique Congo Uni a exprimé sa totale déception. ‘‘Il ne faut pas se voiler la face, il y a ce sentiment de colère, de rancœur envers le gouvernement et cette impression de complicité, parce que si on refuse que le peuple puisse marcher en soutien aux populations  qui sont martyrisées dans l’Est du pays. C’est comme si il y a anguille sous roche. C’est comme ça réfléchit mécaniquement la population’’. Choqué par cette attitude inexpliquée des autorités de Kinshasa, Vidje Tshimanga a prévu d’autres actions en faveur de la population sinistrée de Beni.