Dialogue Kalev, Kimbuta et Muyej exercent des pressions sur les opposants

Mercredi 10 juin 2015 - 09:33

Secret de polichinelle : les consultations du Palais de la Nation conduite en personne par Joseph Kabila ont tourné court car les principales forces politiques n’y sont pas représentées. Du coup, l’image de Kabila a été sérieusement écornée, lui qui aime à être dé¬peint comme un « pré¬sident rassembleur et consensuel ».

Pour trouver au Raïs une voie de sortie à l’impasse politique dans lequel il se trouve, le trio Kalev (pa¬tron de l’ANR), Kimbuta (le gouverneur de la ville de Kinshasa) et Muyej ((ancien ministre de l’Intérieur il y a peu) a été mis à contribu¬tion pour convaincre les ré¬calcitrants. Ainsi, c’est une pression luciférienne que subissent les opposants de ce trio. Les principaux lead¬ers de l’UNC, de l’UDPS et du MLC notamment, sont sou¬mis à de fortes pressions. Leurs téléphones n’arrêtent pas de sonner. Chaque fois les mêmes personnalités pour plaider la même cause auprès des opposants : ac¬cepter le dialogue avec Kabila. Sauf que chat échau¬dé craint l’eau froide. Les dernières négociations poli¬tiques appelées Concerta-tions nationales d’il y a deux ans sont encore fraîches dans leur mémoire. Mais Kimbuta et consorts ne sont pas prêts à abdiquer mal¬gré le refus des opposants comme Franck Diongo et Jean-Claude Vuemba. Ces trois personnalités proches de Kabila usent de tous les moyens pour convaincre les opposants réfractaires à l’initiative présidentielle de changer d’avis. Pour y ar¬river tous les moyens sont bons. Kalev, Kimbuta et Muyej usent de leurs liens d’amitié avec certains op¬posants pour les convain¬cre de changer de position. Selon nos informations, tous les opposants contactés sont restés fermes.

Il en faut plus pour décour¬ager le Gouverneur de Kin¬shasa André Kimbuta qui selon nos sources a mis un zèle particulier à convaincre les opposants à rejoindre l’initiative de Kabila. Tout est bon pour que les opposants ne boycottent pas Kabila. Les bonzes de la Kabilie usent de tous leurs charmes : liens fraternels, amitiés et proximité qu’ils ont tissés avec l’un ou l’autre person¬nalité de l’opposition. Mal¬gré cela les opposants ont tenu tête. Ces méthodes sont pour le moins immo¬rales car en politique, il faut respecter la position des uns et des autres. L’activisme de ce trio est donc une perte de temps. Cette fermeté des opposants repose sur l’opinion populaire large¬ment acquise au change¬ment. Un mouvement qu’il faut accompagner au lieu de vouloir le contrôler. Au ré¬gime de comprendre que la seule carte entre ses mains pour se tirer d’affaires c’est de favoriser l’organisation des élections crédibles et constitutionnelles. Cela peut se faire sans les opposants courtisés qui par ailleurs ont déjà fait savoir ce qui les importait : le recadrage du processus électoral. Ils ne sont pas intéressés ni par un plan de partage du pouvoir ni par des négociations qui peuvent déboucher sur un glissement du mandat pré¬sidentiel dont la fin est plus que proche. Kalev, Kimbuta et Muyej, doivent cesser d’harceler les opposants qui ont dit non à Kabila car le peuple va bientôt trancher, lui le juge suprême que l’on prend parfois pour un im¬bécile. Méfiance…

MATTHIEU KEPA