Dialogue, oui, mais «bref et précis»

Jeudi 26 mai 2016 - 13:33
Image

Il est d’un précieux principe qui dit que ce qui se conçoit bien, s’énonce aussi bien.

Pressions ou pas, le démarrage du dialogue politique, c’est pour très bientôt …Il n’y a apparemment presque plus rien pour l’arrêter. Foi d’un haut fonctionnaire international en poste à Kinshasa. Mais un dialogue «bref et précis», affirme-t-on à l’Union européenne.

 

RÉTROPÉDALAGE

« Je time, moi non plus !». C’est en fait ce qui détermine, depuis un certain temps, les relations entre Kinshasa et l’Union européenne. Même si ce n’est pas encore l’ouragan, le ciel n’en est cependant pas moins orageux. Tirs croisés par-ci, menaces par là, une chose est du moins sûre : la paix des braves n’est pas pour demain … pour espérer voir le couteau «rangé le plus rapidement possible dans le placard».

 

De quoi s’agit-il en fait? En ce premier lundi de semaine, les 28 ministres des Affaires étrangères du Conseil européen adoptent des conclusions sur la République démocratique du Congo. Le Conseil invite notamment le gouvernement (RDC) et toutes les autres parties concernées, en particulier la Commission électorale nationale indépendante (Céni) à «créer les conditions nécessaires pour permettre la tenue des scrutins libres, transparents, inclusifs et pacifiques, notamment les élections présidentielle et législatives. »

D’un. De deux. Le Conseil européen appelle les autorités congolaises «à redémarrer au plus vite le processus électoral en franchissant des étapes concrètes». Ne voulant pas s’arrêter en si bon chemin, l’UE invite également la Céni «à communiquer dans les plus brefs délais un calendrier révisé et des options qui permettent aux divers acteurs politiques de se prononcer sur la situation ».

 

Et lorsqu’elle évoque l’arrêt de la Cour constitutionnelle sur la fin du mandat présidentiel, l’UE ne s’en laisse aucunement conter. Elle insiste sur la tenue des élections régulières organisées dans le délai fixé par la constitution.

 

Tout en prenant note de l’arrêt de la Cour constitutionnelle du 11 mai 2016, l’Union européenne «souligne qu’un gouvernement démocratique fonde sa légitimité sur des élections régulières et dans les délais stipulés par la constitution ».

Bien que n’en faisant pas son point de fixation, les élections demeurent pour l’UE « prioritaires ». Il y a de quoi. Les 28 ministres des Affaires étrangères de l’UE l’ont réaffirmé, tout en précisant la responsabilité qui incombe au gouvernement dans l’organisation des élections. «Pour le Conseil européen, en effet, l’organisation des élections est de la responsabilité du gouvernement». Un point, un trait!

 

« BREF ET PRÉCIS »

Jusque-là chou gras de l’actualité dans le landerneau politique, le dialogue continue à tenir la vedette, même s’il est de temps en temps bousculé. Dialogue, oui, beaucoup en conviennent, mais «bref et précis», fait-on prévaloir au Conseil européen dont le communiqué souligne aussi «le besoin et l’urgence d’un dialogue politique bref et précis entre tous les acteurs politiques représentatifs afin d’arriver rapidement à un consensus».

Jusque-là, les choses sont claires comme l’eau de roc. Au sujet de ce dialogue, l’UE estime qu’il doit «aller de pair avec le droit de chacun de s’exprimer librement ». C’est en fonction de cela qu’au niveau du Conseil européen, on se dit «préoccupé au sujet des entraves au débat politique en RDC », évoquant « les événements récents notamment à Lubumbashi, Goma et Kinshasa ».

Et pour tirer les rideaux, comme on dit, la séquence telle que déployée par l’Union européenne se décline de la manière suivante : organisation des élections : la responsabilité première incombe au gouvernement, le processus électoral doit démarrer au plus vite, un calendrier révisé dans les plus brefs délais, urgence d’un dialogue « bref et précis », seul un engagement clair de Kinshasa permettra à l’UE d’apporter son soutien au processus électoral.

Par Marcel LUTETE