DIALOGUE : PROF. MUYIMA NDJOKO OSÉE SONNE LA TROMPETTE

Lundi 8 juin 2015 - 08:29

Les acteurs politiques congolais n’adhèrent pas tous au processus de dialogue initié par le chef de l’Etat. C’est le cas du Président national du Renouveau pour le développement et la démocratie le Professeur Muyima Ndjoko Osée. Nous vous proposons de larges extraits de sa tribune déposée à la Rédaction du Journal Forum Des As. 

Les élections ne sont pas une panacée, ni le soi-disant dialogue et/ou consultations, le médicament approprié pour résoudre la longue et récurrente crise congolaise. Cependant, ils soignent à la légère la blessure de mon peuple. Paix, paix disent-ils ; mais il n’y a point de paix et il n’y en aura point, tant que la crise congolaise perdurera. La solution à l’impasse dans la quelle se trouve le Congo notre pays ne peut venir que d’une démarche très révolutionnaire.

DES ELECTIONS 2015/2016
La démocratie de vitrine et sa énième parodie d’élections ne peuvent jamais soigner la blessure profonde de mon peuple. Il y a eu des élections en 2006 sous la houlette de la Ceni, alors Cei à l’époque, tenue par Monsieur l’Abbé Malu-Malu. Les résultats très peu éloquents aussi bien pour les législatives, avec un contentieux électoral très abondant (soit plus de 400 recours pour un parlement de 500 sièges), sans compter des multiples irrégularités soulevées par les uns et les autres, que pour la présidentielle dont les violences ont coûté la vie à des centaines de congolais, étaient largement décriés. Les multiples vrais-faux procès qui s’en suivirent n’ont pu rien changé à la donne dictée par la machine de fabrique de pouvoir. C’est pourquoi, l’Abbé fut rejeté par tous. Mais hélas, pour tromper la vigilance du peuple et étouffer sa colère, ses patrons firent semblant de le lâcher. Ce qui n’empêcha pas cependant le scandale d’éclabousser la révérence due aux sages de l’une des plus respectueuses mouvances du pays, à savoir l’église catholique.
En 2011, on fit recours à l’autre aile des sages et le poste de conduire la fameuse Ceni tomba cette fois entre les mains du Pasteur Ngoy Mulunda. En dépit de son verbiage très abondant, les résultats des élections organisées par la Ceni sous le leadership du Pasteur furent scandaleusement décriés. Le Pasteur plia donc bagages et s’en alla. Ce fut le tour de la mouvance protestante et consorts d’être mouillé complètement. Comme qui dirait qu’au Congo, tous sont mouillés. Ils ont souillé le temple national qui ne peut plus servir de référence d’un dialogue crédible.
Les années se sont vite écoulées et nous voici en 2015, l’astuce des élections pour légitimer des pouvoirs fabriqués, se trouve être au bout du rouleau. Cependant, comme le ferait le chien, le pays est retourné à ce qu’il avait déjà vomi. Tout se passe comme si le temps c’est-à-dire les quelques années passées hors des projecteurs du peuple, sans un repentir sincère, pouvait à lui-même absoudre le mal. Monsieur l’Abbé revient au galop, espérant que la génération des congolais qui l’avait vu étouffer la Ceni dans l’oeuf, souffriraient tous d’amnésie pour lui laisser le temps de parachever sa mort. Lui qui n’avait pas pu offrir au pays des élections crédibles, appelées par le commun des mortels " élections libres et transparentes ", en 2006 quand jouait positivement la pesanteur des multiples forces en présence et les moyens financiers juteux qui venaient des tous les partenaires, que pourrait-il donner maintenant que tout est au rouge ? Notez, la loi sur la répartition des sièges au regard du nouveau découpage territorial est en souffrance alors que les partis et regroupements politiques sont sensés aligner des candidats en respectant le nombre de sièges préétablis ; les anciennes cartes d’électeurs qui tombent caduques comme conséquence logique de la promulgation de la loi sur le nouveau découpage territorial qui a changé la province d’origine de presque tout un chacun de nous ; la liste des incohérences peut s’allonger car presque tous les autres documents et les divers formulaires de la Ceni ayant trait à l’identité des candidats doivent être corrigés pour s’assurer de leur conformité. Etonnement, il y a des partis qui ont quand même déposé des listes des candidats malgré toutes ces insuffisances. Allez- y comprendre, sinon pas attendre, quelque chose dans cette cacophonie et prostitution politique à outrance. Il n’y a que cyniques, traîtres, corrompus et/ou amnésiques qui puissent offrir encore à Monsieur l’Abbé, la très chancelante Ceni. Qui a bu boira. Le léopard même s’il pouvait changer sa peau n’en demeurerait pas moins léopard.

En plus des insuffisances liées à la gestion efficace de la fameuse Ceni, il y a l’est du pays qui devrait nous préoccuper. La situation d’insécurité récurrente, voulue et entretenue à l’est du pays ne peut cesser d’inquiéter les amoureux du Congo, observateurs avisés des méandres du désert congolais. Voilà pourquoi, nous disons que sur la voie des élections, avec tout ce décor - avant les élections 2015 /2016 égale après les élections 2015/2016, si pas pire.

Vous n’y pensiez donc pas ? La crise congolaise est sans précédent. C’est la nature intrinsèque de l’arbre qui est en cause, le système tout entier qui est livré au mal. Il ne peut jamais accoucher du bien car on ne peut ni cueillir des pommes, ni s’abriter sous un buisson à épines.

DU DIALOGUE ET/OU CONSULTATIONS
Dialogue pour quel but et quels objectifs est la question que l’on devrait se poser ? La politique de l’Autruche en usage au Congo multiplie des dialogues, des consultations, des parodies d’élections et autres machinations pour distraire le peuple opprimé et paupérisé, au moment où le pays est en train d’être démantelé sérieusement. Heureusement, il y a des Congolais qui ne souffrent pas d’amnésie et qui examinent scrupuleusement les faits. Jamais un pays n’a eu autant de dialogues, de consultations et d’arrangements politiques ces deux dernières décennies que le grand Congo, devenu la risée des nations. Ce pays malade depuis des décennies, s’en est allé de pire en pire, jusqu’à devenir totalement agonisant. Un dialogue franc dans un environnement ténébreux avec des mains obscures tirant dans divers sens nécessite du coeur et de la tête, le tout chapeauté par une grâce particulière.

Qui pourrait tenir un tel dialogue ou servir de médiateur crédible quand les sages congolais ont rejeté la sagesse pour s’adonner au lucre éphémère et à la recherche effrénée des intérêts égoïstes ? La scène politique congolaise est un mélange hors norme. Elle est plaine d’imposteurs, de partis alimentaires et de renards flatteurs en mal de positionnement. L’expérience a montré que les différents dialogues organisés sur la crise congolaise ont souffert d’absence des véritables interlocuteurs, laissant la place aux marionnettes sans pouvoir réel de décision pour distraire la galerie. Les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets. Pauvres sages mouillés, si le ridicule pouvait tuer Oubliez donc le énième dialogue et consultations en vue, car dans les conditions actuelles du Congo, ils ne peuvent accoucher que de la déception.
Laissez- moi vous révéler un secret : " il est 06h00 AM à l’horloge du Congo ". L’aurore est déjà là, bientôt le majestueux soleil va se lever. Ce langage n’est-il pas assez clair pour vous ? Au Congo de Kimbangu, tout est mystère

EN CONCLUSION
Personne ne se répend du mal causé à mon peuple chosifié et paupérisé à outrance. Ils continuent leur course à la fabrication de pouvoir comme si tout allait bien. Cependant, de la plante du pied jusqu’à la tête, rien n’est en bon état ; blessures, contusions, plaies vives de mon peuple n’ont été ni pansées, ni bandées, ni même adoucies par l’huile. Le Congo est complètement désolé. La solution à une telle impasse ne peut venir que d’une démarche très révolutionnaire. Pour ce, le renouveau devient un impératif si l’on veut encore sauver le Congo. Le renouveau passe par la révolution, une rupture sans merci d’avec le mal. Un tel changement radical ne se négocie pas, il s’arrache. Il faut donc que le peuple se prenne lui-même en charge et qu’il se fasse justice, puisque ses chefs l’ont, non seulement trahi, mais plus encore ils continuent à rejeter la sagesse.

Malgré les multiples machinations visant la disparition du Congo, ce dernier est et demeure un mystère. Voilà pourquoi, je suis appelé à sonner de la trompette pour que vienne le feu, le jugement divin et le changement radical du présent système. Que tous ceux qui aiment encore le Congo crient avec moi : Moto, kitisa moto
Prof. Muyima Ndjoko Osée, l’amoureux du Congo, Président National du Renouveau pour le Développement et la Démocratie, R2D