Dialogue:Mgr Monsengwo contre un glissement en 2016

Mercredi 3 juin 2015 - 11:17

» Le dialogue est une bonne chose, mais il ne faut pas qu’on déborde des délais constitutionnels « , a déclaré hier l’Archevêque de Kinshasa au sortir d’un entretien avec Joseph Kabila à qui il a aussi demandé la réouverture de la Radio-Télévision catholique dont le signal est coupé depuis 5 mois

Alors que les membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) avaient déjà rencontré, lundi 1er juin dernier, Joseph Kabila, dans le cadre des consultations initiées pour un probable dialogue, l’archevêque de Kinshasa, le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, contre toute attente, a également été reçu hier mardi 2 juin 2015 par le chef de l’Etat.

Preuve que l’Eglise catholique pèse énormément dans l’environnement sociopolitique congolais.Au sortir de cet entretien qui a duré près de 50 minutes, Monseigneur Monsengwo a déclaré devant la presse présente que » le dialogue est une bonne chose, mais il faut savoir ce que l’on veut « .

L’archevêque de Kinshasa évoque donc la problématique du contenu de ces pourparlers, avant que ces derniers ne soient lancés. Il a aussi, comme la Cenco

hier, soulevé le point du consensus, et le tout, dans le respect des délais constitutionnels. » Il ne faut pas qu’on déborde des delais constitutionnels « , a-t-il martelé.

Profitant de l’occasion, l’Archevêque de Kinshasa a plaidé pour la réouverture de la Radio et Télévision Catholique, la Rtce, dont le signal est coupé depuis cinq mois par le pouvoir actuel.

D’ailleurs, pour rappel, ce média a été coupé au même moment que Canal Kin télévision, proche de l’Opposition, appartenant au sénateur Jean-Pierre Bemba Gombo.

» Le centre de notre entretien a été l’objet pour lequel le chef de l’Etat consulte. De toutes les façons, hier, vous aviez eu la position de la Conférence épiscopale nationale du Congo sur le dialogue.

Faut-il un dialogue, en principe, c’est l’objet de tous les jours. Il faut bien qu’il y ait un dialogue si l’on sait exactement ce que l’on veut. Et apparemment, le président connait l’objet de ce dialogue.

C’est pourquoi je dis, le dialogue est bon, mais à condition qu’on sache ce que l’on veut, et qu’on ne déborde pas sur les délais constitutionnels.

Le chef de l’Etat est entrain d’examiner ce qu’on lui dit. Si la classe politique dit qu’on respectera les délais constitutionnels, je pense que le président en tiendra compte. Le message au peuple congolais est le suivant : qu’il fasse confiance, on a encore du temps ; d’ici vendredi, on saura exactement ce que l’on fait « .

Quant à la question de savoir pourquoi le chef de l’Etat qui a déjà reçu la Cenco, consulte encore l’archevêque de Kinshasa, ce dernier a répondu que » c’est parce que nous sommes à Kinshasa, et que l’archevêque a un rôle à jouer dans l’Eglise catholique.

D’ailleurs, nous n’avons pas parlé que du dialogue, nous avons aussi parlé de ce dont nous avions parlé précédemment, les accords concordataires de notre pays avec le Saint Siège, et notre télévision fermée depuis tout un temps « .

Et d’ajouter, » il faut, dans un pays, avoir un sens de la liberté d’opinion. Les uns pensent d’une façon, les autres d’une autre.

Il appartiendra au chef de l’Etat de rassembler tout ce monde au terme de ces consultations « . Concernant ses bons offices pour la médiation de ce dialogue, » j’ai trop à faire au niveau de Rome et de la ville de Kinshasa. Je n’aurai pas le temps « .

Après le Cardinal Monsengwo, les délégués de l’Eglise Orthodoxe ont rencontré Joseph Kabila, suivi d’Albert Kankenza à la tête d’une délégation des Eglises de Réveil composée de Pascal Mukuna, Sony Kafuta et Aggrey Ngalasi.

Les représentants des Eglises Indépendantistes étaient aussi présents, de même que les chefs coutumiers, autrement dit, les autorités traditionnelles, qui ont bouclé la boucle.

Les partis politiques, la société civile et les diplomates accrédités à Kinshasa sont attendus ce mercredi 3 juin au Palais de la Nation.

Au terme de cette dernière série de consultations, le contenu du dialogue sera sans nul doute connu. C’est de ce contenu, justement, que les uns et les autres décideront de leur participation à ces assises, après l’échec des concertations nationales tenues du 7 septembre au 5 octobre 2013 qui ont jeté par la fenêtre 5 millions $US du contribuable congolais.

Par Lefils Matady