Climat : Les forêts du bassin du Congo, plus grand puits de stockage de carbone devant l'Amazonie et l'Indonésie (Scientifique)

Jeudi 11 novembre 2021 - 20:34
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Dans une interview accordée la semaine dernière à Euronews, le directeur de l'Ecole Régionale d'Aménagement et de Gestion Intégrés des Forêts et Territoires Tropicaux (ERAIFT/UNESCO) et recteur de l'Institut Facultaire des Sciences Agronomiques de Yangambi (IFA), Michel Baudouin, a affirmé que les forêts tropicales du bassin du Congo (165 millions d'hectares), dont la RDC détient à elle seule les deux tiers, sont devenues le plus grand puits de stockage du dioxyde de carbone (CO2) devant les bassins d'Amazonie et d'Indonésie.

D'après ce scientifique belge, les forêts du bassin du Congo séquestrent plus de carbone par hectare et par an que les deux autres poumons forestiers.

"Cette forêt, contrairement à ce qui se dit beaucoup, n’est pas le deuxième poumon de la planète, mais le premier poumon de la planète. C’est la deuxième superficie, mais c’est la première capacité de fixation de carbone (...). Pour beaucoup de raisons biologiques et historiques, on fixe plus de carbone aujourd'hui dans le bassin du Congo que dans le bassin d'Amazonie ou d'Indonésie", a indiqué Michel Baudoin.

D'après une étude parue en août 2021 dans la revue scientifique anglaise "Nature", les forêts tropicales du bassin du Congo séquestrent environ 150 tonnes de carbone par hectare.

En comparaison, ces capacités de séquestration du carbone par hectare sont plus importantes que celles d'autres poumons forestiers de la planète, pensent les auteurs de cette étude.

"A l'inverse d'autres continents, nous avons trouvé en Afrique le même stock de carbone par unité de surface dans les forêts de plaine et de montagne. Contrairement à ce que nous attendions, les grands arbres restent abondants dans les forêts de montagne et ces grands arbres stockent beaucoup de carbone", explique Aida Cuni-Sanchez, autrice principale de l'étude et professeure au département de l'environnement et de la géographie de l'université de York en Angleterre et de l'université norvégienne des sciences de la vie à Oslo.

La densité de la biomasse en RDC est la plus élevée plus qu''ailleurs

Dans une autre étude publiée en 2019 par le groupe australien "Intermedia" avec l'appui du ministère allemand de l'environnement et de l'université belge de Gand, les forêts tropicales humides de la RDC en particulier, ont une densité de biomasse plus importante que les autres régions forestières du monde. Cette densité est estimée à une moyenne de 232 tonnes de biomasse par hectare. Ce qui place la capacité actuelle de la RDC dans la séquestration du carbone au-delà de celles de l'Amazonie et de l'Asie du Sud-Est.

A en croire plusieurs études, le taux de la déforestation dans les forêts congolaises est trop faible, bien que les conséquences ne soient pas les moindres. Il était de 0,09% entre 1990 et 2000 et de 0,17 % entre 2000 et 2005, alors qu'en Amazonie il était de 0,4% à la même période. Certains scientifiques pensent même que plusieurs parties du bassin de l'Amazonie seraient devenues une source de carbone plutôt que d'en être un puits de stockage.

Pour information, une tour à flux de 55 mètres de hauteur est opérationnelle à Yangambi dans la province de la Tshopo depuis octobre 2020 dans le cadre du projet CongoFlux. Elle permet de quantifier les échanges de gaz à effet de serre, notamment le carbone, entre l’atmosphère et la forêt. Ledit projet a été développé par l'université de Gand avec l'appui financier de l'Union européenne.

A Glasgow où la COP 26 est en train de fermer ses portes, la délégation congolaise qui est conduite par la vice-premier ministre de l'environnement et de développement durable, Eve Bazaiba, a présenté la RDC comme étant le "pays-solutions" aux problèmes climatiques de la planète.

Bienfait Luganywa