Lutte contre le changement climatique : La RDC, "pays solution" ?

Lundi 22 novembre 2021 - 10:09
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La COP 26 a mis la clé sous le paillasson depuis le 12 novembre 2021. D'après plusieurs analystes des questions climatiques, ce sommet a été le véritable début de la mise en oeuvre de l'accord de Paris. 

Dans l'article 2 de cet accord signé en 2015 à la COP 21, plus de 200 pays et organisations s'étaient engagés à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d'ici 2030.

Pendant ces travaux de 12 jours qui se sont déroulés à Glasgow en Ecosse, la délégation congolaise conduite par la vice-premier ministre de l'environnement et de développement durable, Eve Bazaiba, a présenté la RDC aux décideurs mondiaux comme étant le pays qui a les solutions à la crise climatique que connaît la planète. 

Les Congolais ont ainsi présenté le massif forestier du pays, ses ressources hydrauliques et ses minerais stratégiques intervenant dans la fabrication des outils d'adaptation comme étant détenteurs des solutions à la crise climatique mondiale.

Les eaux congolaises, une réponse aux stratégies mondiales d'adaptation

"La RDC c'est aussi 10% de réserves mondiales des eaux douces, 52% des eaux douces d'Afrique, avec un fleuve qui a un débit puissant capable de nous donner de l'énergie hydroélectrique. Ça nous permettra d'éviter de mettre la pression sur la forêt que nous tenons à préserver", a expliqué Eve Bazaiba à ses homologues présents à Glasgow le 8 novembre dernier lors du dialogue sur l'adaptation climatique.

D'après des données officielles, la RDC a un potentiel hydroélectrique estimé à 100 gigawatts, grâce à son fleuve et ses multiples affluents et autres rivières internes. Cependant, seulement 2,5 % de cette capacité sont exploités pour l’instant. En rappelant ces données aux dirigeants mondiaux, la délégation congolaise voulait signifier que si une partie des fonds verts est investie dans l'hydroélectricité en RDC, ça permettrait de réduire les pressions anthropiques sur son massif forestier, considéré actuellement par plusieurs scientifiques comme étant le plus grand puits au monde de séquestration de carbone devant l'Amazonie.

En effet, le charbon de bois (Makala) issu de la déforestation de ce massif forestier est la principale source d'énergie dans la cuisson  des ménages en RDC. D'après les statistiques de 2011 de l'Organisation International des Bois Tropicaux (OIBT), la cuisson des ménages kinois dépend à 87% du Makala, alors qu'à Kisangani c'est à 95%. Investir donc massivement dans l'hydroélectricité en RDC réduirait la dépendance de la population du bois énergie. Ça permettrait enfin au plus grand puits de carbone d'être conservé.

Les minerais stratégiques congolais, une autre réponse aux stratégies mondiales d'adaptation

"L'adaptation pour nous signifie aussi que la RDC met à la disposition de l'humanité ses minerais stratégiques, notamment le cobalt, le lithium, le coltan, l'acier et d'autres pour réussir la transition écologique. Et pour nous adapter à cela, il faudrait que ces minerais soient non seulement exploités et mis à la disposition de l'humanité, mais aussi transformés localement pour permettre au peuple du bassin du Congo d'accéder à un prix abordable à l'outil de transition écologique", avait ajouté Eve Bazaiba devant ses homologues.

Selon les données de l'Agence Internationale de l'Energie (AIE) publiées en 2020, le secteur des transports représente 25% des émissions mondiales de CO2, le plaçant en 2e position après celui de la production d'électricité avec 41%. Pour décarboniser ce secteur des transports en particulier, plusieurs pays et entreprises se projettent déjà vers les transports électriques au détriment de ceux qui utilisent le pétrole.

La RDC se présente comme "pays-solution" aux problèmes de réchauffement climatique à la COP 26, car elle a en quantité les matières premières (le cobalt, le lithium, le coltan, l'acier, le cobalt, le manganèse, le nickel,...) qui interviennent dans la fabrication des batteries électriques. Ces batteries pallient petit à petit à l'utilisation du pétrole.

Autre solution d'adaptation prônée par Eve Bazaiba à Glasgow, est l'abandon de l'agriculture itinérante sur brûlis, qui est à la base d'une bonne partie de la déforestation en RDC. 

C'est ainsi que le plan national de relance agricole prévoit la sédentarisation de 15 millions de ménages qui vivent de cette agriculture. Ce qui pourrait réduire la déforestation de 50% en RDC, pensent certains experts des questions climatiques.

Bienfait Luganywa