BENI : l’enfer continue !

Lundi 9 mai 2016 - 09:57
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Depuis le début mai, les massacres ont repris leur droit sur des habitants du territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu. Des groupes rebelles identifiés aux ADF terrorisent la population civile en assassinant femmes, enfants et hommes sans défense. La semaine dernière a été particulièrement sanglante dans la partie Nord du territoire de Béni où, plus de 24 personnes ont été tuées à Tingwe à quelques kilomètres d’Eringeti, le vendredi 6 mai. Ce, après une autre attaque qui a fait 17 morts à Mutsonge-Mimibo, localité de Baungatsu-Luna, le mardi 3 mai.

 

Une nouvelle fois après quelques semaines d’accalmie précaire, les populations civiles sont de nouveau victimes des attaques menées par des milices dont la fonction principale se résume depuis plusieurs mois à tuer et à chasser les paisibles citoyens pour des visées non encore élucidées jusqu’à ce jour.

 

Ces massacres à répétition sont d’autant plus atroces que ceux perpétrés fin 2015 par les mêmes groupes rebelles au regard du mode opératoire qui reste le même. En effet, selon la société civile, des combattants ADF qui ont perpétré ces attaques ont fait irruption dans lès habitations avant de tuer à la machette, à la hache et par balle les occupants.

 

Selon le porte-parole des FARDC dans la zone, l’attaque perpétrée le vendredi dernier a été menée de manière « très rapide » à la tombée de la nuit, ce qui aurait empêché ses hommes d’intervenir. Toutefois, il se veut rassurant et indique que désormais l’armée contrôle la situation et appelle la population à garder son calme. Pris de panique, des habitants qui en sont encore capables tentent d’échapper à la soldatesque. Désespérés et éperdus, ils quittent massivement leurs villages et localités d’Eringeti et Mutsonge se vident. La plupart errent sur des routes détrempées en direction d’Oicha (Chef-lieu du Territoire de BENI) au Sud et vers Komanda (Chef-lieu du Territoire d’IRUMU, en province de l’ITURI) plus au nord.

Dans l’entretemps, le gouvernement indique que des dispositions sont en train d’être mises en place pour la normalisation de la situation.

 

Ces attaques n’épargnent ni les autorités locales civiles et militaires, ni les humanitaires. Parmi les victimes de celle du 3 mai dernier, l’on compte un chef coutumier local. Quatre jours plus tard, le chef d’antenne de l’Agence nationale des renseignements (ANR) a été tué la nuit de vendredi’ à samedi 07 mai à Kisima. Visiblement, les milices qui perpétuent ces massacres s’attaquent à tous ceux qu’ils rencontrent, de quoi pousser certains analystes, à s’interroger sur les vraies motivations de ces incorrigibles tueurs.

Le mardi 3 mai dernier, trois employés congolais du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ont été enlevés par des hommes armés non identifiés dans le territoire de Rutshuru (Nord-Kivu) avant d’être libérés le samedi 7 mai.

 

Kinshasa s’en fout

Pendant que les populations de Tingwe, Eringeti Mut; songe-Mimibo, Baungatsu-Luna et consorts vivent entre peur et incertitude, à Kinshasa, la vie «normale » continue. Finalement, certains observateurs se demandent si ces atrocités ne sont pas considérées comme se déroulant dans une région lointaine par certains acteurs politiques basés dans la capitale congolaise. « Nous avons le regret de constater que malgré des exécutions sommaires et les viols perpétrées ces derniers jours dans le Nord-Kivu, la plupart de nos hommes politiques de la Majorité et de l’opposition focalisent leur attention sur leur avenir politique que sur ce drame humanitaire », déplore Armand Osakala, coordonnateur d’Abri Sûr, une structure de la société civile basée à Kinshasa Pour lui, il est temps pour les acteurs politiques congolais de se pencher sur la question de massacres dans l’Est du pays en vue d’un retour à la normale durable et rapide.

 

Par ailleurs, des organisations des droits de l’homme congolaises et étrangères se demandent sérieusement si les atrocités sans fin auxquelles les populations du territoire de Béni et ses environs font face depuis des mois ne sont pas systématiques. Les conséquences de ces atrocités inquiètent d’autant plu que les gens paniquent, quittent leurs villages et cherchent désespérément de protection. Traumatisés, certains ne retournent jamais chez eux.

 

Par R. Djanya