Dialogue : Boshab et Minaku compliquent la tâche à Kabila

Lundi 7 décembre 2015 - 11:26

Ayant comme objectif de baliser le chemin pour un processus électoral apaisé, le dialogue national inclusif convoqué par le chef de l’Etat souffre encore de l’adhésion d’une bonne partie des Congolais. Alors que le président de la République invite tous ceux qui hésitent encore à rejoindre le train du dialogue, une question se pose : dans sa famille politique, Evariste Boshab à l’Intérieur et Sécurité ainsi qu’Aubin Minaku à l’Assemblée nationale lui facilitent-ils la tâche dans leur travail ? Décryptage.

Pour gagner la bataille d’une adhésion massive de la population, Joseph Kabila a besoin des collaborateurs qui occupent des hautes fonctions du pays pour l’accompagner. Parmi ces collaborateurs, il y a Evariste Boshab vice-premier ministre chargé de l’intérieur et Sécurité et Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale et secrétaire général de la Majorité présidentielle.

 

Aubin Minaku : le contesté

Il est l’une des personnalités stratégiques du régime de par les deux postes qu’il occupe. Mais, malheureusement, ce juriste de formation peine à répondre aux attentes.

 

A l’Assemblée nationale, Minaku ne fait pas l’unanimité.

Dans cette institution, beaucoup de députés, surtout ceux de l’opposition, ne se reconnaissent pas en lui. Ils l’accusent de ne pas se surpasser et se comporter comme un président de la Majorité présidentielle, plutôt.que celui de toute la chambre incluant les députés de toutes les sensibilités. Au point que certains regrettent même les heures de Vital Kamerhe au perchoir. De quoi créer de plus en plus un climat de division au sein de la chambre basse. Lors des consultations du chef de l’Etat en juin en vue du dialogue, il était incapable de se faire accompagner des députés des partis phares de l’opposition. En octobre, une motion avortée d’un député de la Majorité visait même sa démission du perchoir.

 

Au secrétariat de la Majorité présidentielle, Minaku est également loin de séduire. Pour la première fois depuis sa composition, la .famille politique du chef de l’Etat a vécu un moment de division sans pareil qui a donné naissance au G7 (Groupe de sept partis politiqués) qui ont rejoint l’opposition. Leur raison principale l’absence du débat au sein de la MP que Minaku ne favorisait pas.

 

A la place, le SG de la MP passe le clair de son temps à des querelles intestines pour le positionnement politique avec certains cadres de la famille politique du chef.

 

Evariste Boshab : le va-t- en-guerre

 

Lui, on l’appelle « faucon » du régime, dans le sens péjoratif du terme. Métallique, Evariste Boshab incarne l’absence de la diplomatie. Le Vice-premier ministre chargé de l’Intérieur et Sécurité divise plus qu’il n’unit dans ses actions au gouvernement, comme lorsqu’il était le secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) ou encore président de l’Assemblée nationale. Une attitude « va-t-en-guerre » qui ne l’épargne pas de conflits au sein ou en dehors de la MP et d’erreurs monumentales comme celle qui avait provoqué le soulèvement de la population en janvier 2015 à la suite d’un projet de loi électorale élaboré selon ses humeurs.

 

Celui qui, à en croire Henry Mova Sakanyi, a laissé les caisses du parti présidentiel vide, n’a jamais été aussi un exemple de bonne gestion partout où il est passé.

 

Actuellement, au niveau sécuritaire, le bilan d’Evariste Boshab est loin d’être reluisant. Sous son règne, l’Est de la République, particulièrement le territoire de Beni, continue à vivre des moments d’horreurs sans précédent avec des massacres à répétition des populations civiles perpétrés par les présumés rebelles ougandais d’ADF. La société civile note, depuis le début de ces massacres, près de 500 morts, tués dans un mode opératoire cruel. Et l’tat, représenté par le ministère en charge de l’intérieur et Sécurité, peine à trouver une solution efficace pour mettre fin à ce cycle de violences ainsi qu’à des conflits ethniques dans certaines provinces dont le Sankuru. Dans la capitale Kinshasa, tout le monde déplore le retour en force du phénomène «Kuluna » dans des quartiers populaires. Cet environnement malsain ne participe nullement aux apaisements des esprits.

 

Ainsi qu’on peut s’en rendre compte, les deux personnalités sont loin de faciliter la tâche au chef de l’Etat à ce moment où il a besoin d’une large adhésion des Congolais au dialogue national inclusif.

 

Par CN