Dialogue : des ex-seigneurs de guerre posent des conditions sécuritaires

Lundi 25 mai 2015 - 12:44

Des anciens seigneurs de guerre et leurs alliés, réunis au sein de la plateforme des partis issus des Accords de paix de Goma, ont dévoilé, le samedi 23 mai 2015, le contenu de leur cahier de charges en perspective du dialogue inclusif souhaité par le Chef de l’Etat. En somme, ils soulèvent plutôt des questions sécuritaires comme préalables à la tenue des élections. « Il faudra résoudre les problèmes de la porosité des frontières congolaises, de la maitrise des données démographiques, …. Ce qui permettrait d’aérer le mandat des futurs élus afin qu’ils mettent en œuvre, comme il se doit, leurs programmes d’action », a martelé Philippe Undji, ministre honoraire et stratège de la plate-forme politique.

En effet, dans leur cahier de charges remis à Kalev, envoyé spécial du président Kabila en charge de consultations des partis politiques en vue d’une éventuelle rencontre nationale, les partis politiques issus des Accords de Paix de GOMA et alliés estiment que cette occasion serait une opportunité non négligeable, une occasion de résipiscence collective devant permettre aux forces vives d’envisager des politiques publiques consensuelles vis-à-vis des causes qui sont à la base des nombreux défis qui guettent la République ( balkanisation, sécurité des personnes et des biens, retour des déplacés et réinstallation des réfugiés et déplacés des guerres, tueries et autres ).

Cependant, la plateforme n’adhère pas au dialogue si celui-ci, au terme de ses travaux, vise à ériger la République en un crématorium au profit des ambitions politiques individuelles et populistes, eu égard aux résultats des différentes rencontres politiques organisées dans le passé.

Un des responsables de cette structure, Buda, analyste politique, a rappelé que la RDC a connu plusieurs rencontres dans sa quête de convivialité politique et du décollage économique, de la table ronde de 1960 jusqu’aux Concertations Nationales de 2014, en passant par la Conférence Nationale Souveraine et le Dialogue Inter Congolais de 2002. « La leçon est que toutes ces assises n’ont abouti qu’à des compromis politiques dont les principaux bénéficiaires ne sont rien d’autres que les animateurs du régime en place et certains produits de débauchages issus des partis politiques. Par conséquent, la misère du peuple demeure et le développement socioéconomique du pays n’est toujours pas au rendez- vous », a-til déploré.

Aux yeux de la population congolaise, poursuit-il, les élections de 2006 et 2011 étaient une occasion de mettre fin à cette approche en garantissant l’acceptabilité de l’un ou de l’autre à travers la sanction du scrutin au sortir d’un processus électoral crédible. « Ainsi, arriver à rétablir la paix, la sécurité, la stabilité politique et institutionnelle et la justice sociale sur toute l’étendue de la République sont des conditions nécessaires à un développement socioéconomique durable et équitable ».

Malheureusement, a-t-il conclu, toutes ces occasions ont eu pour corolaires: des contestations, des guerres, des soulèvements, la prolifération des groupes armés, bref, la déstabilisation de la République sur tous les plans. Ce qui met à mal la poursuite des plans et programmes de développement du pays.

Conscient de ces tares, dans la volonté et l’esprit d’honorer le peuple dans ses aspirations de voir au sein de la République une démocratie apaisée, une stabilité politique et institutionnelle qui garantirait la sécurité des personnes et des biens, mais aussi de rétablir la République dans ses frontières héritées de la colonisation, tout en mettant fin à la porosité des frontières et à la prédation d’immenses ressources qui ne profitent aucunement aux Congolais, les anciens seigneurs de guerre sont d’avis qu’une rencontre politique de haut niveau serait nécessaire en vue de rapprocher les points de vue des forces vives de la nation dans l’objectif de construire un pays digne, étant donné que les politiques publiques, plus de 50 ans après l’indépendance, n’ont pas su relever les défis. Lesquels défis consistent à réhabiliter le Congolais dans sa dignité ainsi que la République dans sa grandeur en tant que levier du développement de tout le continent africain», a souligné Buda.

Pour rappel, la conférence de Goma fut convoquée en mars 2009 par le président Joseph Kabila. Les résultats attendus étaient, entre autres, l’engagement de toutes les parties prenantes à rétablir l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue de la République, la mise hors circuit de l’activisme des groupes armés locaux et non invités afin d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens tant en RDC que dans la région de Grands Lacs africains. C’est dans ce cadre qu’au terme des recommandations de ladite conférence que sont nés les partis politiques constitutifs de cette plateforme qui, de par leurs luttes, bénéficient des alliés sur le plan idéologique et selon les circonstances. Idéologie relative à la quête de la réhabilitation de la dignité du Congo et du Congolais sans oublier la consolidation de la démocratie participative en RDC.

Tshieke Bukasa