Dialogue national : Le non de l’opposition et le oui mais, des églises

Mercredi 2 décembre 2015 - 11:25

L’union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) ne participera pas au dialogue politique” made in Kabila “, a affirmé hier mardi 1er décembre, le secrétaire national n charge des Relations extérieures, Félix Tshisekedi. Il accuse le chef de l’Etat, Joseph Kabila, de vouloir organiser un dialogue à sa manière et de tenter de modifier le système électoral.

Nous ne participerons pas à un dialogue made in Kabila. Il fallait laisser à la communauté internationale, au Secrétaire général de l’ONU de designer un facilitateur”, a déclaré Félix Tshisekedi.

 

Selon Félix Tshisekedi, le seul dialogue auquel le parti souscrit reste celui qui sera convoqué par un facilitateur international neutre. « L’UDPS participera au dialogue qui se placera sous l’égide de ta communauté internationale, donc un dialogue à la sauce Kabila ne nous intéresse pas “, a-t-il insisté. Pour lui, le dialogue que prône l’UDPS aura comme priorités notamment de discuter de l’organisation des élections législatives et présidentielle dans les délais constitutionnels. “ Et il [Joseph Kabila] le sait très bien déjà, parce que nous avons eu deux rounds des pré-discussions avant-dialogue. Donc, il sait très bien que ce dialogue doit se tenir de manière concertée. Il faut que nous nous entendions à la fois sur la date, le lieu et les thèmes, etc. Or, nous voyons qu’il est en train de diriger tout seul les choses, en essayant d’imposer sa vision. Et ça nous disons non “, a poursuivi le secrétaire national en charge des Relations extérieures du parti d’Etienne Tshisekedi.

 

Félix Tshisekedi dit ne pas comprendre « la précipitation » de Joseph Kabila dans la convocation de ce forum national.” Nous ne comprenons pas cette précipitation. Elle cache manifestement quelques choses, d’autant plus que dans son discours, Mr Kabila a été totalement aphone sur les problèmes qui le concernent c’est-à-dire la fin de son mandat, l’alternance démocratique “, a ajouté I’UDPS.

 

Pour le G7 et la Dynamique de l’opposition qui se sont réunis en début de semaine à Kinshasa, le changement de ce mode de scrutin présage un glissement du mandat présidentiel, en violation de la constitution. “ C’est clair que si nous quittons notre mode de scrutin actuel pour éventuellement élire le président de la République au second degré par un groupe de députés par acclamation, nous disons que c’est très grave. C’est un coup d’Etat constitutionnel “, a déclaré Vital Kamerhe, président de l’Union pour la nation congolaise (UNC).

 

Pour lui, un changement du mode de scrutin présidentiel relève de la “ haute trahison “. L’opposant appelle la population à défendre la démocratie. “ Nous devons barrer la route à une telle imposture, en nous mettant d’abord ensemble comme nous venons de le faire et en demandant à notre population de défendre la démocratie et la constitution “, lance le président de l’UNC.

 

Non au dialogue

 

Le G7 et la Dynamique de l’opposition rejettent également le dialogue annoncé par le Chef de l’Etat Joseph Kabila. Ils disent s’en tenir à la tenue des élections présidentielle et législatives prévues en novembre 2016. Christophe Lutundula, du G7, dit croire que ce mariage avec la Dynamique de l’opposition pourra faire échec à toute tentative de modification de la constitution. “ J’y crois parce que la volonté de sauvegarder la constitution et la démocratie est unique et inébranlable. Aujourd’hui nous avons des objectifs communs. Nous avons le patrimoine constitutionnel commun que nous voulons tous sauvegarder”, a soutenu Lutundula.

 

L’opposition soupçonne le chef de l’Etat Joseph Kabila de vouloir rester au pouvoir au- delà de son deuxième et dernier mandat qui s’achève en 2016.

 

Vers une révision de la constitution?

 

De son côté, l’Association africaine de défense des droits de l’homme (Asadho) s’inquiète aussi de la proposition du chef de l’Etat sur le mode de scrutin. Pour cette ONG, penser à modifier le mode de scrutin présidentiel ouvrirait la voie à la révision de la constitution. “Cette proposition du chef de l’Etat va entraîner la modification de l’article 70 de la constitution qui institue le vote du président de la République au suffrage universel direct “, indique Jean-Claude Katende, président de l’Asadho.

 

Les confessions religieuses jugent le dialogue politique ”nécessaire”

 

De leur part, les chefs des confessions religieuses ont invité la population et les hommes de bonne volonté, à participer au dialogue politique national convoqué par le président Joseph Kabila. Ils estiment que ce forum est nécessaire pour assurer un aboutissement heureux du processus électoral.

 

Réunies au siège de la Commission d’intégrité et médiation électorale (CIME), les confessions religieuses, à l’exception de l’église catholique, ont indiqué que le dialogue politique inclusif .est nécessaire pour régler les différends dans le pays.

 

“Nous confessions religieuses de la RDC, prenant la mesure de la crise du processus électoral en RDC, réaffirmons la nécessité et l’opportunité d’un échange fraternel ouvert et sans contraintes, entre les nationaux autour de toutes les questions majeures qui déterminent l’aboutissement heureux du processus électoral “, a déclaré le Révérend Delphin Elebe Kapaly, représentant légal de l’église Kimbanguiste et président de la CIME.

 

La même source appelle les acteurs politiques au sens de responsabilité. “ Nous invitons vivement tous les hommes politiques et tous les délégués à ce dialogue, à bien prendre la mesure de la responsabilité qui leur incombe et de la grande confiance -que toute la nation fait reposer sur eux”, a ajouté le Révérend Delphin Elebe Kapaly.

 

Pour rappel, le chef de l’Etat Joseph Kabila a, dans un message adressé à la nation le dimanche, annoncé la convocation d’un dialogue politique national inclusif “. Ce forum doit notamment dé battre de: Fichier électoral; Calendrier électoral ; Sécurisation des élections Financement des élections Rôle des partenaires extérieurs dans ce processus.

 

La CIME est un cadre d’échange d’informations électorales et de dialogue permanent qui vise à gérer par la médiation les tensions électorales, avant, pendant et après les élections. Elle a été créée en 2014. Les évêques catholiques s’y sont retires, trois semaines-après sa création.

 

Par José Wakadila