Dialogue : Tshisekedi se rebiffe !

Mercredi 2 décembre 2015 - 06:02

Que veut finalement Etienne Tshisekedi ? On ne sait plus exactement par quel bout de bras tenir le sphinx de Limete. Il vient, une fois de plus, de confirmer sa réputation d’homme politique imprévisible. Alors que sa participation au dialogue politique national était presque acquise, Etienne Tshisekedi, d’après une déclaration lui attribuée et qui circule en boucle sur la toile, dit finalement non au dialogue tel que proposé par le Président Kabila. Depuis Bruxelles, il a signé une déclaration en neuf points. Une déclaration en contradiction totale avec le message à la Nation du Président de la République. Après lecture de deux textes, on se rend compte que tout oppose les deux hommes.

Pour Tshisekedi, les objectifs du dialogue sont l’élaboration d’un calendrier électoral réaliste et consensuel, qui tienne compte des délais constitutionnels ; l’organisation d’un processus électoral crédible et dans un climat apaisé ; le transfert pacifique du pouvoir, dans le respect de l’expression du peuple. Tshisekedi voulait ou veut que le dialogue respecte le cadre constitutionnel, sans manœuvre pour un éventuel glissement du calendrier électoral. Le président national de l’UDPS aurait préféré que le médiateur international détermine la composition du Comité préparatoire du dialogue. Parce que, d’après Tshisekedi, le Président Kabila fait partie du problème et non de la solution.

Ce faisant, il ne peut être à la fois juge et partie. Tshisekedi ajoute que dans son allocution, le Président a tu tout engagement de sa part au respect de la Constitution, notamment, le nombre et la durée des mandats présidentiels, le respect de l’alternance, etc. Etienne Tshisekedi, enfin, revendique la paternité de l’initiative du dialogue, comme voie royale de résolution des conflits. Il dit avoir été le premier à écrire au Secrétaire général de l’ONU pour la désignation d’un facilitateur du dialogue. La déclaration de Tshisekedi père vient corroborer les propos tenus, la veille, par son fils, Félix Tshilombo, Secrétaire national de l’UDPS aux Affaires extérieures. Les pro-dialogue ne l’avaient pas pris au sérieux lorsqu’il a annoncé, lundi 30 novembre dans la soirée, que l’UDPS n’irait plus au dialogue. En début d’après-midi, le même jour, le front anti-dialogue se renforçait à Fatima, à Gombe, où le G7 et la Dynamique de l’Opposition scellaient leur union. Parallèlement, le Bureau politique de Majorité Présidentielle se réunissait pour appeler tous les membres de la famille politique du Chef de l’Etat à faire bloc. Tous se sont engagés à soutenir le Président de la République dans sa démarche. Sur la même lancée, le Ministre de la Justice, faisant l’intérim du Ministre des Affaires Etrangères en mission à l’étranger, a réuni, mardi 1er  décembre 2015, les Ambassadeurs des pays africains pour leur parler du bien-fondé du dialogue. La CASE, une structure de la Société civile, soutient le dialogue et rejette dos-à-dos les acteurs politiques de la Majorité et ceux de l’Opposition parce que tous ont trempé et goûté à la gestion et à la gouvernance politique du pays, sans y laisser des souvenirs nécessairement positifs. A tout dire, le risque de voir le dialogue se dévaluer, comme le craignait déjà  Azarias Ruberwa, est donc réel.

La Pros.