Hôpital du Cinquantenaire : la descente aux enfers

Mercredi 27 mai 2015 - 11:53

Tous les prétendus médecins expatriés œuvrant particulièrement à l’Hôpital du Cinquantenaire sont interdits d’exercer jusqu’à nouvel ordre ! Comme un couperet tombé du ciel, ce message a surpris plus d’un Congolais scandalisé par l’affluence incroyable des médecins expatriés venus de l’Orient, notamment de l’Inde et de la Chine et qui ne pipent pas un mot en français et dans aucune langue nationale alors qu’ils sont censés soigner les Congolais.

Cette décision prise par le Conseil National de l’Ordre des Médecins a été saluée comme le signal d’un ras-le-bol qui avait envahi tous les milieux médicaux, techniques, scientifiques, universitaire, sociopolitiques ainsi que les couches des populations locales depuis le décès inopiné d’une dame de nationalité angolaise, étudiante à la Faculté de Droit de l’Université Protestante au Congo et épouse d’un diplomate angolais en poste à Kinshasa. On rappelle que ce jour-là, il avait fallu de peu pour vivre une émeute rangée entre les étudiants de cette université et les employés de cet hôpital. Dont le recrutement du personnel administratif, technique, médical et paramédical avait pris un temps très long jusqu’à agacer de nombreux malades qui espéraient ainsi se faire soigner à peu de frais dans une formation médicale locale proclamée ultramoderne car dotée des équipements de la technologie de pointe. Fini les longues files devant les ambassades occidentales et orientales et cela sous les intempéries dans l’espoir d’obtenir les visas d’entrée en Europe ou en Asie.

Quelle ne fut pas la surprise de voir des médecins, des infirmiers et même des agents administratifs venus de l’Inde pour soigner les Congolais alors qu’ils ne parlent ni le français, ni aucune des quatre langues nationales ! Des incidents graves ont vite éclaté entre les malades et ces expatriés. Que des malades n’avaient-t-ils pas été évacués vers des formations médicales locales par suite des malentendus survenus entre eux et les médecins soignants ! Le cas le plus patent est celui de feu le Gouverneur Alphonse Koyagyalo qui fut interné pendant plus d’une semaine dans cet hôpital avant d’être évacué par avion spécial en Afrique du Sud où il rendit l’âme. Si feu le Gouverneur de l’Equateur avait été vite évacué à Jobourg, il serait peut-être encore parmi nous.

Comme les autorités administratives et politiques faisaient la sourde oreille face à cette situation tragicomique, Dieu s’est rappelé à ses enfants avec la mort accidentelle de cette épouse d’un diplomate angolais. Celle-ci aurait été, dit-on, victime d’une erreur médicale et sa mort s’était accompagnée d’un accrochage entre le Ministre de la Santé et l’un des hauts responsables de cet hôpital du Cinquantenaire sous les regards ahuris et tétanisés du personnel administratif, technique, médical et paramédical qui avait failli provoquer un incident diplomatique grave entre Kinshasa et New Delhi.

Le Dr Kabange Numbi monte au créneau

L’actuel ministre de la Santé a été le premier à dénoncer cette situation en réclamant la résiliation du contrat liant la RDC à l’Inde. Il n’a pas été compris. Voilà que la suite lui a donné raison mais de façon tragicomique. La colère du Dr Félix Kabange Numbi est consécutive à des accrochages survenus entre les médecins congolais et leurs homologues indiens au sujet des diagnostics approximatifs, fallacieux et mensongers qu’ils administraient aux malades. Plus d’une fois, les médecins congolais ont eu à se plaindre auprès du ministre, preuves scientifiques et matérielles à l’appui.

L’affaire Joachim Diana

Notre confrère Joachim Diana Gikupa avait connu les affres de la Prison Centrale de Makala à la suite d’une enquête fouillée effectuée au Centre Hospitalier Chinois de la 1ère Rue à Limete. Il rassembla des preuves des médicaments sous-dosés que des prétendus médecins chinois administraient aux malades. Il fit état de la propension de ces médecins chinois à imposer aux femmes l’accouchement par la césarienne sans motif valable. Le but étant de renflouer les caisses de ce centre médical qui a enregistré de nombreux cas des décès.

En outre, ce centre refusait de signer des contrats de travail à durée indéterminée avec les agents autochtones qui pour une moindre faute se retrouvaient chassés de leur emploi sans préavis ni indemnités.

Ce qui coûte cher à notre confrère de la Colombe, c’est le fait d’avoir dénoncé que tous les prétendus médecins chinois de ce centre ne s’étaient pas fait inscrire à l’Ordre de Médecins car ne disposant pas de dossiers administratif et académique réguliers. Joachim Diana fuit traduit devant la justice pour diffamation et dénonciation calomnieuse et fut condamné à l’issue d’un procès expéditif à la peine de trois ans ferme. Ce, alors que les éléments des preuves déposés auprès du juge étaient accablants sur le plan médical et académique. Craignant de subir le retour de la manivelle au lendemain de la remise en liberté de notre confrère, quatre prétendus médecins de ce centre disparurent dans la nature, fortune faite sur les cadavres des congolais.

C’est ainsi que face à ce tableau sombre et dangereux pour la vie des centaines des milliers des congolais et surtout à l’entêtement des responsables indiens de cet hôpital du Cinquantenaire, malgré de multiples rappels à l’ordre du ministre de la Santé et de l’autorité ordinale, des nombreuses dénonciations émanant des Ong tant nationales qu’internationales, le Conseil de l’Ordre des Médecins a pris son courage entre ses mains pour infliger ces sanctions. Il compte sur la collaboration des autorités administratives et politiques tout comme du CSAC pour l’application sans faille de ces sanctions.

F.M.