Kasonga Tshilunde : « Tout est fait pour bloquer la progression du journalisme » en RDC

Mercredi 6 mai 2015 - 08:21

Le président national de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC), Kasonga Tshilunde, a affirmé lundi 04 mai 2015 à Kinshasa qu’en République démocratique du Congo (RDC), « tout est fait pour bloquer la progression du journalisme », à l’occasion de la 22ème Journée internationale de la liberté de la presse célébrée le 03 mai.

« Aujourd’hui, au fur et à mesure que nous avançons inexorablement vers la tenue des élections que les uns et les autres veulent, sur le bout des lèvres, libres, transparentes et apaisées, la liberté de la presse se sent effarouchée. Tout est fait pour bloquer la progression du journalisme », a-t-il stigmatisé à l’ouverture des Premières journées déontologiques de la presse congolaise ».

« Les médias fermés, les journalistes emprisonnés, traqués »

« En 2013, l’UNPC nous avions lancé un appel pathétique au Président de la République, Chef de l’Etat, garant de toutes les libertés en RDC, afin qu’il se penche aussi sur le dossier de la presse de sorte que ses membres se sentent sécurisés, que l’arbitraire cesse, que les médias jouissent de leur liberté et que le Tribunal des pairs de l’UNPC prenne en charge les dérapages des hommes et femmes des médias », a rappelé Kasonga Tshilunde dans son message.

Malgré cet appel pathétique, a déploré le président national de l’UNPC, « les médias continuent à être fermés, les journalistes emprisonnés, traqués, intimidés, vivant clandestinement ».

« Depuis 2011, le signal de CANAL FUTUR est coupé, de même que celui de RL TV en 2012 ainsi que le quotidien LE JOURNAL, la même année, suspendu pour une durée indéterminée. En 2013, trois radios et une télévision de Beni, au Nord-Kivu, à savoir: Radio LIBERTE (RALlB), Radio NGOMA FM et Radiotélévision RWANZURURU (RTR) n’émettent plus. La Radiotélévision JUA de Lubumbashi et la radio ESPOIR de FURU à Butembo sont réduites au silence », a-t-il souligné.

Dans la foulée, il a aussi relevé que le journaliste « Mike MUKEBAYI croupit à la Prison centrale de Makala où il purge une peine de onze mois pour avoir usé de sa liberté d’écrire, la profession a encore été mortellement frappée avec l’assassinat de Soleil BELANGA de la Radio Communautaire de Monkoto, dans la Province de l’Equateur, un an après l’assassinat de Robert CHAMWAMI de Gema et de l’attaque armée contre le cameraman GIRA de la même ville aujourd’hui amputé d’une jambe ».

Notant que « la question de sécurité des journalistes demeure une préoccupation majeure » en RDC et ne voyant « pas cette sécurité que sur le seul plan de l’intégrité physique », Kasonga Tshilunde a dit qu’elle « concerne aussi l’emploi des journalistes ».

« Cette année (2015, ndlr), la télévision CANAL KIN, la Radiotélévision catholique Elikya +RTCE+ ainsi que les trois radios communautaires de Moanda, au Kongo Central, à savoir Radio Télé BOMA, Radio Associative KISALU et la Radio Télé communautaire de MOANDA, sont malencontreusement venues s’ajouter à cette liste macabre », a encore déploré le président de l’UNPC.

Donner les moyens aux organes d’autorégulation des médias

Kasonga Tshilunde a par ailleurs rendu « un hommage marqué » au Premier ministre Augustin Matata Ponyo « pour avoir sorti l’UNPC du puits d’où elle prenait, peu à peu, un vilain plaisir à s’y complaire en finançant l’organisation de son 8ème Congrès de juillet 2014 » et du fait qu’il « tient à ce que tout ce qui se fait dans ce pays et le comportement des Congolais soient excellents ».

« Tout est à son honneur ! Mais, si le Premier ministre veut que la presse congolaise soit aussi excellente, que les organes d’autorégulation des médias que sont l’UNPC et l’OMEC jouent pleinement leur rôle d’encadrement des journalistes, il n’y a pas une autre solution aussi simple que celle de leur donner des moyens. C’est de cette manière qu’elles peuvent entrer dans le Club d’excellence qu’il a institué car, nous ne voyons pas comment un pauvre peut-il être excellent! », a-t-il relevé.

Pour le président de l’UNPC, « cette année encore, la lutte pour la liberté de la presse paraît plus raboteuse qu’elle ne le fut auparavant », les médias doivent se « battre encore davantage pour briser toutes les chaînes de la censure et de l’autocensure leur imposées ».

« Ainsi donc, nous lançons aux détenteurs du pouvoir d’Etat et du pouvoir d’argent de la République Démocratique du Congo ce qui est retenu par l’ONU, l’UNESCO et la CIDH comme thème de la Journée internationale dé la liberté de la presse pour 2015, à savoir: « Laissez le journalisme progresser ».