Le PALU en colère

Mercredi 20 mai 2015 - 08:01

* Le Raïs invité à rappeler ses hommes à l’ordre.
Lors du culte d’action de grâce en mémoire de Laurent-Désiré Kabila M’Zee, samedi dernier à la Cathédrale du Centenaire protestant, les militants du Parti Lumumbiste unifié (PALU) ont subi un traitement humiliant. Non, comme on pouvait l’imaginer, de la part des militants des partis de l’Opposition, mais, chose curieuse, de la part des militants des partis membres de la Majorité présidentielle dont la formation politique chère à Antoine Gizenga est allié. Voilà qui est au centre de la colère du PALU connu pour sa contribution à l’élargissement de la base sociologique du Pouvoir. Plus particulièrement dans la capitale et son hinterland bandundois.

Comme cela se fait chaque année, les militants du Palu, dans une forêt de drapeaux de leur parti, se sont présentés à la Cathédrale du Centenaire protestant samedi le 16 mai courant afin de prendre part au culte organisé en mémoire de M’Zee Laurent-Désiré Kabila qui, à la tête de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) avaitréussi à en finir avec la dictature du Président Mobutu. Mais, c’était sans compter avec les intentions de certains militants des partis membres de la Majorité présidentielle d’humilier le parti surnommé " faiseur des rois " lors de la présidentielle 2006.
Comment, se demandent bon nombre d’observateurs, à l’occasion d’une manifestation solennelle en mémoire du soldat du peuple, M’Zee Laurent-Désiré Kabila, pouvait-on oublier toute la contribution du PALU tant à la présidentielle 2006 qu’en celle de 2011 ? Surtout qu’il s’agit d’un parti nationaliste qui avait bien accueilli la libération du samedi 17 mai 1997, lorsque certains qui pavoisent aujourd’hui au sein de la Majorité présidentielle battaient encore pavillon Mobutu. Voilà qui justifie la colère du PALU. Quels sont les faits ? Un tel traitement ne pouvait pas être réservé aux militants du parti d’Antoine Gizenga, s’indignent des observateurs.
Surtout qu’il s’agissait, lors du culte de la Cathédrale du Centenaire, de la lutte victorieuse pour libérer les Congolais du régime du maréchal Mobutu, d’une lutte glorieuse pour l’indépendance et le développement du Congo. Dehors, alors que l’on s’attendait à une solidarité sans faille, certains individus sous les couleurs des partis politiques de la Majorité présidentielle, ont sauté sur l’occasion pour humilier les militants du PALU. C’est une façon de cracher et sur la révolution du 17 mai et sur M’Zee Laurent-Désiré Kabila, indiquent la plupart des observateurs témoins de l’accueil réservé aux membres du Parti lumumbiste unifié. Chercher à marginaliser le PALU en cette période reviendrait à se tirer une balle dans le pied. Car, le Raïs a plus que besoin d’un allié comme le PALU qui pèse lourd dans la ville de Kinshasa.

KABILA INVITE A RAPPELER SES HOMMES A L’ORDRE
C’est là que les observateurs avertis invitent Joseph Kabila, en sa qualité d’Autorité morale de la Majorité présidentielle, à rappeler ses hommes à l’ordre afin de ne pas frustrer un parti qui a tant apporté d’abord en 2006 pour que le Raïs l’emporte sur le " Chairman " du MLC, Jean-Pierre Bemba Gombo, et ensuite en 2011 face à Etienne Tshisekedi wa Mulumba qui était à la tête de l’Opposition. Si seuls les membres de la Majorité présidentielle devraient se battre en faveur de Joseph Kabila, peut-être que les résultats ne seraient pas ceux récoltés en fin de compte. L’apport du PALU de Gizenga aura donc constitué une contribution non négligeable pour permettre au Raïs de prendre rendez-vous avec l’histoire
Bien que n’étant pas, comme d’autres partis, membre de la Majorité présidentielle, le PALU n’en demeure pas moins un allié sûr. Dire que cette formation politique a trahi, c’est cracher sur tant de sacrifices consentis pour permettre à Joseph Kabila Kabange de mieux se tirer d’affaire. " Beaucoup de leaders des partis politiques opportunistes qu’on a vus s’agiter, ne savent même pas c’est qu’une lutte révolutionnaire alors beaucoup se sont fourvoyés avec Mobutu avant de traverser la rivière ", lance un observateur averti. Et le soutien d’Antoine Gizenga ne date pas de la présidentielle 2006 avec Joseph Kabila, mais plutôt de l’époque de l’avènement de Laurent-Désiré Kabila, souligne-t-on.

LE PALU EST HERITIER ET NON PARIA
Les militants du PALU sont, avec Gizenga, les premiers à être contactés par M’Zée, rappelle-t—on. " Lorsque, à l’époque, certains cadres aux agendas cachés étaient en train de s’organiser pour créer des distances entre M’Zée Kabila et ses frères politiques, le Palu avait initié une marche dans l’objectif de remettre un mémo au chef de l’Etat congolais pour le mettre en garde contre la cinquième colonne qui opérait dans l’ombre ", soutient-on en prenant Yerodia à témoin. Alors que le dépôt du mémo s’est déroulé sans problème, poursuit-on, la garde de Bizima Karaha, au niveau du ministère des Affaires étrangères, avait même tiré à bout portant sur les militants qui revenaient du Palais de la nation en chantant.
Pour les observateurs avertis, déjà à cette époque, le rapprochement Gizenga- Kabila gênait. " Comme les vrais nationalistes étaient minoritaires dans l’AFDL, la solution était de s’allier les nationalistes et lumumbistes qui étaient en dehors. Il fallait donc jeter le pont entre ces nationalistes et lumumbistes pour voler au secours de leurs frères au sein de l’AFDL en cas d’affrontement, précise-t-on. Comme pour dire que le PALU est héritier et non paria. D’ailleurs, fait-on remarquer, le premier parti politique à être contacté dans le cadre de ce pont à jeter, fut le Palu. Pour ce faire, Frédéric Izzia et Adolphe Muzito avaient à l’époque, engagé la réflexion. Si le Palu était tenté par des postes ministériels, c’est déjà à l’époque qu’il aurait des ministres dans le Gouvernement de M’Zee Kabila.

LA CINQUIEME COLONNE EN MARCHE ?
Ceux qui se sont acharnés sur le Palu le week-enddernier à la Cathédrale du Centenaire, auraient pour objectif de diviser le clan. Il s’agirait donc la cinquième colonne. Mais, s’interrogent les observateurs, que prépare-t-on ? " S’il y a trahison, c’est dans ce geste de ces militants des partis bien connus de la Majorité présidentielle qu’il faut aller la chercher ", tranche-t-on au PALU. Dire que le PALU n’a rien apporté en 2006, argumente-t-on, c’est avoir la mémoire courte tout simplement. " Tout le monde sait qu’en 2006, il fallait le report des voix pour l’emporter devant JP Bemba. On sait que certains apprentis politiciens avaient prétendu que l’on pouvait se passer des alliances au deuxième tour et jouer sur les indécis. Mais, la suite, on la connaît ", explique-t-on.
Pendant cinq ans de la législature de 2006 à 2011, rappellent les observateurs, on a vécu une cohabitation pacifique. " Ce qui ne veut pas dire que les problèmes ne manquaient pas. Mais, le Palu avait toujours appliqué la sagesse révolutionnaire selon laquelle pour les résoudre. De plus, pour partager le même bilan, sans accord préalable, le Palu a accompagné Joseph Kabila en 2011. " C’est le seul parti de la Majorité qui avait produit son propre matériel de campagne pour Joseph Kabila", conclut-on. M. M.