Lutte contre Ebola : Mgr Tharcisse Tshibangu rend hommage au professeur Muyembe « pour ses importantes contributions scientifiques »

Dimanche 12 juillet 2015 - 06:26

Mgr Tharcisse Tshibangu, chancelier-président du Conseil d’administration des Universités de la République démocratique du Congo (RDC), a rendu un « hommage mérité » vendredi 10 juillet 2015 à Kinshasa au professeur Jean-Jacques Muyembe Tamfum, directeur de l’Institut national des recherches biomédicales (INRB), « pour ses importantes contributions dans le domaine du virus Ebola ».

« Déjà au mois de juin 2014, en pleine crise de l’épidémie dite d’Ebola, qui sévissait alors dans une partie de l’Afrique occidentale, lors de l’ouverture des travaux du Congrès des Neurosciences et de Génétique humaine réunissant des scientifiques congolais et de provenance internationale, j’avais exprimé mon souhait de voir rendre l’hommage mérité aux chercheurs et scientifiques de la RDC », a-t-il rappelé.

Lors de cette cérémonie de « reconnaissance nationale de mérites scientifiques des chercheurs et professeurs congolais » présidée par le vice-Premier ministre Willy Makiashi en charge de l’Emploi, il a salué « les contributions importantes respectivement, dans le domaine du Virus +Ebola+ au Professeur Muyembe Tamfum et, en ce qui concerne le VIH/Sida, au très regretté Prof Lurhuma, qui aurait pu être associé au Prof. Luc Montagnier, qui a mérité le Prix Nobel de Médecine et Physiologie, attribué il y a quelques années ».

« L’organisation d’une si grande et belle cérémonie et séance académique, en l’honneur du Professeur MUyembe, par l’initiative du Gouvernement congolais, avec en tête le Premier Ministre lui-même, constitue un très grand encouragement pour les Professeurs de nos Universités, et tous les Chercheurs et Scientifiques de haut niveau, et de valeur internationale, de notre pays, la RDC », s’est réjoui Mgr Tshibangu.

Sa satisfaction a été d’autant justifiée que « le Premier ministre, a-t-il encore rappelé, avait déjà commencé à honorer de manière solennelle et éclatante les enseignants des Universités, par une cérémonie publique, qui fut fort appréciée, d’un hommage spécial rendu à l’un des professeurs admis à l’Eméritat, à l’Université de Lubumbashi ».

Une Académie congolaise des Sciences, Lettres, Arts et Cultures

Mgr Tharcisse Tshibangu a exprimé le « vœu profond de voir aboutir enfin, dès que possible, le Projet déjà soumis au Premier ministre, et au Président de la République, de la création effective d’une +Académie congolaise+ : Académie Congolaise des Sciences, Lettres, Arts et Cultures (ASLAC) ».

A ce propos, il a souhaité qu’une telle Académie soit « créée et mise en place d’ici la rentrée académique prochaine, avant fin octobre 2015 ».
Dans la foulée, il a cité un extrait de l’exposé des motifs du Projet de l’ASLAC, qui a été déposé auprès du président Joseph Kabila le 15 juillet 2007, selon lequel :

« Un pays comme la République Démocratique du Congo, vu son grand complexe scolaire et universitaire, et ses nombreuses Institutions de recherche, vu l’état scientifique déjà atteint par ses chercheurs dans divers domaines, mérite de posséder dès maintenant son Académie. En vue de souligner l’importance des Arts et de la Culture, le Projet de Décret créant l’Académie Congolaise insère dans celle-ci le volet de la Culture et des Arts, ce qui est une originalité heureuse».

Ainsi, au nom de toutes les Universités congolaises, en y incluant les Instituts supérieurs et différents Centres de recherches, Mgr Tshibangu a remercié le gouvernement « pour l’initiative et l’organisation de la grande cérémonie et Séance académique de ce jour ».

« Nous félicitons de tout notre cœur et notre esprit le Lauréat du jour, le Professeur J.J. Muyembe Tamfum, qui a mérité le prestigieux Prix de reconnaissance scientifique Mérieux, attribué dans le cadre de l’Institut de France, dont fait partie l’Académie de Médecine de France », a-t-il déclaré.

Il a demandé à l’ambassadeur de France en RDC de transmette les « salutations fraternelles à l’Institut de France et aux différentes académies et organisations scientifiques qui le constituent ».

« Que vive et progresse toujours l’Université congolaise, et la Recherche scientifique de haut niveau et de pointe en notre pays », a conclu le chancelier-président du Conseil d’administration des Universités de la RDC.

Dr Muyembe, un exemple pour d’autres Congolais

Au nom du Gouvernement, le vice-Premier ministre Willy Makiashi, a eu ce message pathétique : « Là, c’est un fils de la RDC, un chercheur qui honore la République démocratique du Congo. Il y a eu plusieurs tentatives pour lui d’aller en exil, compte tenu de conditions de travail (difficiles en RDC). Mais, la pesanteur congolaise l’a toujours retenu. Et il est toujours au Congo: un exemple pour d’autres Congolais ».

« Le pays reconnaît la valeur du travail que nous avons effectué, pas seulement moi, mais mon équipe aussi. Mon souhait est que de pareilles cérémonies puissent se répéter également pour d’autres chercheurs, qui sont peut-être plus méritant que moi », a répondu le professeur Muyembe, « réconforté par tous ces hommages ».

Il a dévoilé avoir « examiné les maladies mains nues, fait des prélèvements de sang pour hémoculture et la sérologie, et effectué des prélèvements des fragments de fois de cadavres pour confirmer le diagnostic ».

« Nous avions amené une religieuse malade à la Clinique Ngaliema. C’est à partir de son sang qu’un nouveau virus, baptisé +Ebo+, sera identifié à l’Institut de médecine tropicale à Anvers », a-t-il expliqué.

Le Prix Christophe Mérieux 2015 de la Fondation Christophe et Rodolphe Mérieux, doté de 500 000 euros, a été attribué cette année au docteur Jean-Jacques Muyembe pour encourager ses travaux de recherche sur les maladies infectieuses (Ebola) dans le bassin du Congo

Dr Muyembe est docteur en médecine de l’Université Lovanium, agrégé de l’enseignement supérieur en médecine (virologie), doyen honoraire de la Faculté de médecine de Kinshasa et directeur général de l’Institut national de Recherche biomédicale (INRB) de Kinshasa.

Il a contribué à la découverte de la Fièvre hémorragique à Virus Ebola (FHVE) et a été le premier chercheur à se rendre sur le site de la toute première épidémie qui a eu lieu en 1976 à Yambuku (RDC).

Afin de préciser l’étiologie de cette maladie, il avait ramené avec lui à Kinshasa une infirmière fiévreuse, dont le sang lui a permis d’identifier le nouveau virus à l’Institut de Médecine tropicale d’Anvers en Belgique. Plus récemment, Jean-Jacques Muyembe et son équipe ont apporté leur expertise en Afrique de l’Ouest.