Son code de duperie du système immunitaire a, enfin, été déverrouillé SIDA, une génération sans VIH est désormais envisageable d’ici 2030

Mardi 28 juillet 2015 - 09:56

Une génération sans VIH/sida est désormais envisageable d’ici 2030, d’après le tout dernier rapport de l’ONUSIDA, présenté mi-juillet 2015 par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. «L’épidémie a été enrayée et inversée», s’est réjoui Ban Ki-moon.Entre 2000 et 2014, le nombre de nouvelles infections a en effet plongé de 35,5 %. De plus, le nombre de personnes traitées aux antirétroviraux est passé d’un million en 2001 à 15 millions en 2015.
Deux scientifiques montréalais ont, en effet, découvert comment le virus parvient à duper notre système immunitaire.Cette découverte «nous rapprochera d’une fin pour le VIH/sida», estime Robert Reinhard, du Consortium canadien de recherche sur la guérison du VIH (CanCURE).
«On est très excités», se réjouit le Dr Éric Cohen, qui chapeaute CanCURE et dirige l’unité de recherche en rétrovirologie humaine à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM).
Son équipe a décodé un mode d’action du virus qui pourrait permettre d’élaborer un remède qui rétablirait nos mécanismes de défense immunitaire naturelle. Nous parviendrions ainsi à empêcher le VIH de se multiplier au point de devenir impossible à éliminer, comme c’est le cas actuellement. Avec la Dr Mariana Bego, le Dr Cohen a découvert la ruse qu’utilise le VIH pour berner notre système immunitaire.
Le processus est le suivant: quand le VIH arrive dans notre corps, il est aussitôt repéré par les cellules immunitaires chargées de la défense immédiate contre les infections.
Celles-ci patrouillent en permanence dans le corps et, dès qu’elles repèrent un intrus, elles sécrètent un groupe de protéines nommées interférons.
La mission de l’interféron est de déclencher les mécanismes de défense des cellules avoisinantes pour empêcher la propagation de l’intrus. Un des effets secondaires de cette lutte est la fièvre ressentie par la personne atteinte.Mais le VIH réplique en sécrétant une protéine virale qui bloque la sécrétion d’interféron. Sans ce signal d’alarme, les cellules ne se défendent pas. Le virus peut donc se multiplier à sa guise pour créer rapidement des réservoirs viraux dormants.
«Les médicaments contrôlent le virus dans la phase de multiplication, mais n’ont aucun effet sur les réservoirs viraux latents. C’est pour ça qu’on est obligé de prendre la thérapie antirétrovirale à vie», explique le Dr Cohen. Il estime que la découverte de son équipe pourrait contribuer à établir enfin «une stratégie pour une rémission totale».Éliminer le VIH/sida d’ici 2030 est possible. Pour y parvenir, il faudra toutefois continuer d’investir gros, prévient l’Organisation des Nations unies. Alors que le monde a déboursé 21,7 milliards $ US cette année, il devra délier davantage les cordons de sa bourse, jusqu’à 32 milliards $ US chaque année d’ici 2020, selon l’ONU.