La moralité contre l’immoralité

Vendredi 20 mai 2016 - 12:52

L’opinion nationale et internationale a suivi, le lundi 16 mai 2016 du haut du perchoir de l‘Assemblée nationale, le député national Boris Mbuku s’adresser au Premier ministre de la République en des termes on ne peut plus « immoraux ». Désormais, cet élu entre officiellement dans le panthéon des hommes politiques congolais qui excellent dans l’immoralité.

« Je mange », « tu manges », « nous mangeons », a déclaré urbi et orbi Boris Mbuku.

 

Dans les rues comme dans les salons huppés de Kinshasa, l’on n’explique pas comment un politicien qu’on considérait comme un homme d’Etat- peut tomber si bas en empruntant une expression aussi avilissante comme s’il était un homme de la rue? Toute honte bue, le député Bons Mbuku est tombé trop bas. Il nous rappelle ce qu’un vieux confrère avait écrit dans un journal de la place « un homme d’Etat n’est pas un homme de la rue. A moins que l’Etat lui-même soit dans la rue ». Or, aujourd’hui, l’Etat congolais n’est plus dans la rue comme dans les décennies 90.

Le député Boris Mbuku n’aura donc pas compris, en même temps que ses devanciers, que la politique est une science, un art noble.

N’y parviens pas celui qui veut. Quel que soient ses origines et ses faveurs.

C’est ce qui explique que mercredi 18 mai, dans sa réplique aux préoccupations soulevées par les députés nationaux au cours du débat général sur le projet de loi de finances rectificative de l’exercice 2016, le Premier ministre s’est montré à la hauteur d’un homme d’Etat en usant d’un langage digne d’un homme qui démontre que l’Etat congolais n’est plus justement dans la rue. Très serein, l’homme à la cravate rouge a opposé au député qui lui a proposé la conjugaison « au présent » du verbe « manger » dans la gestion des finances publiques, une proposition bien conforme à l’éthique, à la morale et aux exigences déontologiques de la fonction publique.

Matata Ponyo a été sans équivoque : « Si l’honorable Bons Mbuku a conjugué le verbe « manger » pendant qu’il était au Bureau de l’Assemblée, nationale, en ce qui me concerne, je n peux nullement le faire car cela est contraire aux règles de la bonne gouvernance auxquelles je suis très attaché. »Tout est donc, à en croire l’homme de rigueur, question de ce qu’on est. Ce n’est que de l’esprit sain que’ peut sortir, de termes sains. « Je n’ai jamais appliqué ce type de pratiques (manger), depuis le BCECO (Bureau Central de Coordination) où j‘ai été Directeur général pendant près de sept ans, jusqu’au ministère des Finances où j’ai fait disparaître le phénomène de corruption connu généralement sous les vocables “commissions” et “pourcentage”. » Et pour bien présenter ce qu’est réellement Boris Mbuku, une anecdote bien triste a suffi : « Je me rappelle bien alors que j’étais ministre des Finances, l’honorable Mbuku m’avait sollicité de conjuguer le verbe « manger » à travers le paiement d’une créance par le Trésor public. Ce que j’avais refusé catégoriquement. Je pense, à mon avis, qu’au lieu de conjuguer le verbe « manger », l’honorable Mbuku aurait dû me conseiller de conjuguer le verbe « travailler », ou se sacrifier pour les autres.

La leçon d’éthique et morale ? Il faut dire que le député Mbuku l’a reçue ce jour-là : « Je travaille », « tu travailles », « nous travaillons » pour le développement de notre pays. Ce que j’aurai accepté avec beaucoup d’empressement. Cela nous aiderait a éduquer aussi la jeunesse qui constitue l’avenir de ce pays. Parce que notre rôle est aussi de léguer à la postérité des valeurs cardinales du progrès des nations pour espérer l’émergence et le développement de l’économie congolaise ».

 

Le Premier ministre Matata est parmi les rares responsables politiques au pays à jouir d’une réputation d’homme de rigueur qui ne transige pas devant les antivaleurs dans la gestion de la chose publique. Cette discipline lui attire décidément beaucoup d’ennemis parmi les politiques véreux. Heureusement que son travail ne vise qu’à satisfaire les attentes du peuple.

Par CN