LE MALHEUR DES UNS FAISANT LE BONHEUR DES AUTRES MP : RUÉE VERS DES POSTES

Vendredi 18 septembre 2015 - 06:27

En dehors de douze mariquins à libérer au Gouvernement, il y a également des strapontins aux bureaux du Sénat et de l’Assemblée nationale, ainsi que dans les entreprises.

Quand le G7 relance le débat et les tractations politiques. En fait, la « bombe 7 » crée l’actualité au moment où on attendait que l’initiative vienne du Parlement. Le mémorandum du groupe des sept partis politiques exclus de la Majorité présidentielle a même ravi la vedette à l’Opposition qui pensait ouvrir les hostilités avec le meeting de N’Djili. Depuis, tout se fait en fonction de la prise de position du G7 et rien d’autre. Les déclarations tournent autour de cet évènement dans tous les états-majors politiques, toutes tendances confondues. Tout est donc G7. Même le fameux et incontournable partage des postes que personne n’attendait de sitôt. De quoi relancer effectivement le débat sur la scène politique congolaise. Du coup, c’est la ruée vers des postes pour les éternels demandeurs de postes.

En RDC, chaque fois que l’on parle de remaniement ministériel, cela fait le bonheur de plusieurs politiciens. Rien d’étonnant dans un pays où l’Assemblée nationale est davantage perçue comme l’antichambre au pouvoir exécutif. Résultat, l’écrasante majorité des députés nationaux rèvent de rejoindre le Gouvernement en vue d’être réellement aux affaires. Surtout à l’approche des élections.
C’est de la sorte donc que les présidents des partis politiques se battent bec et ongles pour jouer aux « excellences ». Question de rendre l’ascenseur à certains fidèles et de se mettre à l’abri des besoins même électoraux. Voilà qui renseigne suffisamment sur l’état d’esprit des acteurs politiques du nombre important des postes que le G7 libère au Gouvernement, au Sénat, à l’Assemblée nationale ainsi que dans les entreprises du portefeuille de l’Etat. De quoi justifier amplement certaines tractations.

QUE DES POSTES LIBERES AVEC LE DEPART DU G7 !
Dans un communiqué rendu public le 17 septembre dernier, le Bureau politique de la Majorité présidentielle exige que le premier vice-président, ainsi que les rapporteur et questeur de l’Assemblée nationale, tout comme le 2ème vice-président et le rapporteur du Sénat, tous des membres des partis du G7, libèrent leurs postes.
Le Bureau politique de la Majorité présidentielle ne s’arrête pas en si bon chemin. Les ministres, membres des partis engagés par les signataires du mémo choc doivent également évacuer les postes qu’ils occupent, à moins qu’ils ne dénoncent la démarche des responsables de leurs formations politiques. Si ces membres du Gouvernement tirent les conséquences de leur solidarité avec les signataires du mémo, c’est environ douze postes qui seront désormais au sein de l’Exécutif national suite aux départs.
En dehors du Gouvernement et du Parlement, il y a aussi énormément des postes au sein même des entreprises du portefeuille de l’Etat, occupés par des membres des partis politiques membres du G7, qui doivent être libérés, si leurs occupants demeurent solidaires avec les leaders de leurs formations politiques. C’est dire qu’autant des postes qui attendent de nouveaux occupants. La nature ayant horreur du vide, ce ne sont pas des candidats qui manquent. Bien au contraire ! Conformément à un vieux dicton, il y a toujours beaucoup d’appelés et peu d’élus.
Les tractations se déroulent déjà pour combler les postes déclarés vacants avec l’exclusion ou auto exclusion, c’est selon, du G7. Voilà qui pourrait occuper, pendant un bon bout de temps, les acteurs politiques, surtout au sein de la Majorité présidentielle.

RUEE VERS DES POSTES VACANTS
Ce ne sont en tout cas pas des candidats qui manquent. Généralement d’ailleurs, c’est surtout le genre d’exercice que raffolent les acteurs politiques congolais. Au premier rang, on retrouve même les députés et les sénateurs. Lors du dernier remaniement du Gouvernement Matata dit Matata II, plusieurs députés, tant de la Majorité présidentielle que de l’Opposition, étaient des candidats ministres. Bien entendu, ils s’étaient tus momentanément pour se donner un peu de temps, pour ensuite rejoindre l’Opposition pour n’avoir pas été retenus au Gouvernement.
Vont-ils encore mordre à l’hameçon à l’approche des élections ? La question reste posée. Toujours est-il que la ruée vers des postes constitue, pour nombre des politiciens, une occasion vraiment alléchante et surtout à ne pas rater pour le moment.
La vraie lutte se déroule au sein de la Majorité présidentielle. Il faudra d’abord observer si vraiment des membres des bureaux de l’Assemblée nationale et du Sénat, des membres du Gouvernement et des mandataires publics pourraient dénoncer les leaders de leurs partis politiques en vue de garder leurs postes. C’est qu’indique d’ailleurs le communiqué de la Majorité.
Mais, n’empêche que dans plusieurs états-majors politiques, l’heure est aux tractations pour tirer profit du départ du G7 afin de se positionner utilement par rapport aux postes déclarés vacants.
En tout cas, en attendant que le Parlement aborde son ordre du jour et même si cela était fait, l’attention de bon nombre de ses membres est d’abord attirée par la vacance ainsi créée. Ce n’est qu’après ces tractations que les parlementaires auront le cœur à l’ouvrage.

TEST DE LOYAUTE POUR LES ACTEURS POLITIQUES
Dans le communiqué du Bureau politique de la Majorité présidentielle, il y a une disposition qui teste la bonne fois des acteurs politiques, membres des partis signataires de la déclaration du G7. « … sont, pour leur part, priés de dénoncer la démarche de ces derniers (signataires) ou de tirer également les conséquences de leur solidarité avec eux en renonçant à leurs fonctions ». En fait, il s’agit bien là d’une perche tendue à certains membres des partis du G7 de se rebeller contre leurs partis, en s’auto excluant ou en s’auto éjectant de leurs formations politiques pour conserver leurs postes. Tout un test de loyauté.
D’ailleurs, au sein de la Majorité présidentielle, il y a des gens qui, autrefois, s’étaient auto exclus pour des postes ministériels. Une tradition qui tire ses origines à l’époque du maréchal Mobutu où l’on parlait de débauchage.
Les acteurs des partis membres du G7 vont-ils franchir le Rubicon ? Vont-ils demeurer loyaux envers leurs partis en renonçant aux postes qu’ils occupent actuellement, ou peuvent-ils alors mordre aussi facilement à l’hameçon ?
Charles Mwando Nsimba (Unadef), Gabriel Kyungu (Unafec), Pierre Lumbi (MSR), Olivier Kamitatu (ARC), José Endundo (PDC), Christophe Lutundula (MSDD) et Patrick Bolonya (ACO) ont donc l’occasion de juger la loyauté de certains cadres de leurs partis maintenant qu’ils ne font plus partie de la Majorité présidentielle.
Il s’agit d’un test important pour qu’ils sachent sur qui compter réellement. C’est souvent dans ce genre de situation que l’on se rend compte de ce que pensent les uns et les autres. Car, le temps de reniement n’a jamais été facile à supporter. Surtout lorsque est le fait de ceux qui étaient très proches des leaders et qui profitent de la moindre occasion pour sortir leurs griffes. Du déjà vécu en RDC parce qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. M. M.
Vers un big-bang au sein de l’espace politique
La question n’est plus tant de savoir si l’espace politique rd congolais connaîtra un big-bang. L’interrogation porte sur le quand de cette explosion ou implosion. Cela dépend de la position du détonateur.

A moins de ne pas avoir les yeux pour voir ou les oreilles pour entendre. Les signes avant-coureurs de l’éclatement du microcosme politique s’amoncellent. Des alliances actuelles dans la Majorité comme au sein de l’opposition sans oublier la très politisée « société civile » vont devoir laisser place à autre chose. L’horizon 2016 approchant à pas de géant, des agendas vont commencer à éclater au grand jour.
De ce point de vue, l’effervescence actuelle dans certaines formations emblématiques de l’espace politique rd congolais fait partie des hors-d’œuvre. Le plat de résistance ne saurait tarder.
La vie politique est ainsi faite. Qui se plaindrait du coup de tonnerre dans le ciel politique rd congolais s’il s’accompagnait d’un saut qualitatif ? En d’autres termes, si la recomposition de l’échiquier politique devait charrier des programmes alternatifs pour le développement du pays.
C’est du reste, ce qui est à souhaiter. A savoir que la déferlante à venir débouche sur une compétition entre, certes différentes personnalités avec leurs écuries respectives, mais surtout sur un combat d’idées. Que l’offre politique, qui est ce fonds qui manque le plus, s’en trouve enrichie.
Si, en revanche, ce big-bang ressemble davantage à tsunami qu’à un vent nouveau, , le risque est qu’après son passage, les dégâts soient plus importants que le gain à en tirer . Là, on repartirait de plus belle sur la guerre des egos, les attaques ad hominem …sans aucun débat de fond.
Pour l’heure, les observateurs attendent d’assister d’abord à ce basculement dans un nouveau paysage politique. Normal, somme toute, la politique étant tout sauf figée ! José NAWEJ (Tiré de FORUM DES AS du 20 août 2015)