Majorité Présidentielle : la grande distraction !

Vendredi 18 septembre 2015 - 12:47

Pendant que des millions de Congolaises et Congolais attendent d’être fixés sur le nouveau chronogramme des élections et surtout sur la présidentielle et les législatives nationales, hermétiquement verrouillées par le législateur, la Majorité Présidentielle vient d’opter pour ce qui paraît comme une grande distraction. En effet, la crise interne qui couvait au sein de la famille politique du Chef de l’Etat et qui a éclaté au grand jour le mercredi 16 septembre, à travers des « auto-exclusions » et « révocations » au sein du G.7 ainsi que des velléités affirmées de rébellion de la part de cette nouvelle « sensibilité politique », est de nature à détourner l’opinion tant interne qu’externe de vrais enjeux politiques.

Alors que depuis le depuis le mois de mai, l’attention du grand nombre se focalise sur le projet de Dialogue entre forces politiques et sociales, afin de baliser le chemin devant conduire à des élections réellement démocratiques, transparentes et apaisées, le temps semble s’être arrêté. C’est comme si, avant de poursuivre les actions de refus du glissement des mandats du Chef de l’Etat, des sénateurs, des députés nationaux et provinciaux ainsi que des gouverneurs de provinces, le peuple congolais devrait attendre le dénouement de la crise qui secoue la Majorité Présidentielle ou ses retombées sur les « frondeurs ». C’est comme si avant de reparler du Dialogue, du calendrier électoral, du fichier électoral, de la libération des prisonniers politiques et d’opinions, de la réouverture des médias fermés, du respect des droits humains, du retour à l’Etat de droit, une solution doit préalablement être trouvée au contentieux entre la Majorité Présidentielle et un carré de ses sociétaires.

A ce sujet, des spéculations vont d’ailleurs dans tous les sens autour de l’avenir politique de Charles Mwando Nsimba, Gabriel Kyungu, Christophe Lutundula, José Endundo et Banza Maloba, notamment après le limogeage d’Olivier Kamitatu de son poste de ministre du Plan et de Pierre Lumbi comme Conseiller Spécial du Chef de l’Etat en matière de Sécurité. On commence à se demander si le Bureau de l’Assemblée Nationale, le Gouvernement, les Entreprises publiques et la Territoriale ne vont pas faire l’objet de restructuration, pour en extraire les « brebis » galeuses du MSR, de l’ARC, de l’Unadef, de l’Unafec, du MSDD, du PDC et de l’ACO.

Stratégies du pourrissement ?

On peut s’interroger, au vu du décor du moment, marqué par l’Arrêt de la Cour Constitutionnelle donnant le feu vert au gouvernement et à la CENI de s’engager dans la voie du glissement, si la Majorité Présidentielle n’a pas finalement choisi la voie du pourrissement de la situation politique, en vue d’obtenir, en douceur une prolongation automatique de la législature en cours. Car, après les tentatives avortées d’une nouvelle révision de la Constitution et de la loi électorale, le pouvoir en place semble avoir trouvé comme palliatifs, pour endormir le camp du refus du glissement, la création de 21 nouvelles provinces non viables, le manque de fonds pour financer le processus électoral, à commencer par l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs de nouvelles provinces.

La « crise » de la Majorité Présidentielle est en train d’être présentée comme un problème national, alors qu’il s’agit d’un « incident » interne qui ne devrait pas perturber la marche de l’Etat, présentement préoccupé par le blocage du processus électoral. Pendant que le grand flou enveloppe de plus en plus la tenue des élections présidentielle, législatives nationales et provinciales, jugées prioritaires par la majorité de nos compatriotes, hypothéquant toute perspective du renouvellement des institutions de la République dans les délais requis, la session budgétaire du Parlement risque d’être fortement perturbée.

La population tend même à s’énerver devant le silence du Chef de l’Etat, interdit constitutionnellement de briguer un troisième mandat, qui donne l’impression d’avoir laissé aux « faucons » de sa famille politique le soin de lui négocier un passage en force. La rupture du pré-dialogue avec l’UDPS et la réaffirmation, par l’Opposition, de son rejet de tout glissement lors de son meeting du mardi 15 septembre à la place Sainte Thérèse, dans la commune de N’Djili, s’apparentent à des signaux qui n’augurent rien de bon pour la suite du processus électoral.

Entre-temps, les jours et les semaines passent, creusant des retards manifestement irrécupérables dans le calendrier électoral. Les forces politiques et sociales déterminées à ne pas laisser la Majorité Présidentielle réaliser un « Coup d’Etat constitutionnel » risque de se réveiller trop tard, devant un glissement de fait. Pour ne pas en arriver là, il faudrait qu’elles fassent pression à la fois sur les adeptes du glissement et sur les tenants du respect de la Constitution afin de faire bouger les lignes, c’est –à-dire en contraignant le gouvernement et la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) à agir dans le sens de la concentration des moyens financiers et techniques sur trois scrutins : la présidentielle, les législatives nationales et provinciales. Un regard attentif devrait être porté sur le projet de budget 2016, afin de savoir s’il existe une volonté de financer les scrutind présidentiel et législatif, qui tiennent le plus les Congolais à coeur.

Kimp