MALGRE LA RUPTURE DU PRE-DIALOGUE POUVOIR-UDPS : NÉGOCIER DEMEURE UN IMPÉRATIF

Vendredi 18 septembre 2015 - 06:19

Les deux camps qui comptent des hommes d’Etat doivent faire preuve
d’un dépassement de soi. Ils doivent aller au-delà des états d’âme, transcender leurs égos pour ne privilégier que l’essentiel.

Comme on le sait, c’est au courant de cette semaine qui s’achève que le LIder Maximo de l’Udps, Etienne Tshisekedi Wa Mulumba a mis un terme aux sessions de pré-dialogue tenu avec les plénipotentiaires du pouvoir du Raïs Kabila en Italie et en Espagne. Malgré cette rupture, il sied de louer ces rencontres directes entre Congolais soucieux de prendre en mains leur propre destinée. Se retrouver autour d’une même table pour faire triompher le choc des idées même les plus tranchées est très positif.

Après une série de réunions entre les délégués des deux camps, le Pouvoir et l’UDPS, il serait superfétatoire d’affirmer que les deux camps ne sont arrivés à rien. Il apparaitra toujours que sur les différentes questions soumises aux discussions préliminaires, on ne peut manquer d’avoir levé certains points de convergences même mineures. Ce qui veut dire que sur ces points-là, les deux camps ont regardé dans la même direction.
C’est cela qui compte car ce sera le soubassement des rencontres à venir. Il faut bien qu’il y en ait. Car jusqu’ici, nul, même au niveau du front anti-dialogue, n’a daigné donner la moindre alternative à ce forum. Tant que cela n’est pas fait, le dialogue continuera à s’imposer aux yeux des Congolais. Il faut qu’il ait lieu.
Raison pour laquelle le Palais de la Nation et Limete ne doivent pas du tout couper les ponts. Non ! Ils n’en ont pas le droit. Les deux camps sont contraints de garder une passerelle. Tous ont proclamé que la stabilité du pays passe par la tenue de ce dialogue. Ce qui est vrai. Ils doivent tout mettre en œuvre pour sa tenue en continuant à alimenter les rencontres du pré-dialogue.

CERNER LES VRAIES QUESTIONS QUI SE POSENT AU PAYS
Le pré-contact n’est pas du tout un échec. Car il a permis à chaque camp en présence de cerner les questions qui se posent au pays en ce jour et qui justifie la tenue du dialogue. Le pré-dialogue a permis aussi d’évoquer la question du format. Une question capitale pour qui tient au succès de ce type de rencontres.
Ce n’est pas tout le monde qui peut prendre part à une telle rencontre. Pour y faire quoi ? Raison pour laquelle la clé du succès est dans un format réduit afin de ne pas reproduire la CNS (près de 3.000 délégués) et le dialogue intercongolais de Sun City avec 800 participants. Il importe de noter que ce qui compte pour ce genre de rencontre, ce n’est pas le nombre des délégués qui compte mais plutôt la qualité.
Un petit nombre puisé dans ce que le pays compte comme crème intellectuelle peut, en un temps record, répondre à toutes les problématiques soumises à la discussion que ne le ferait une armée des délégués. Le résultat n’est donc pas dans le nombre mais la qualité. Par le passé, les travaux préparatoires de tous les forums ont été menés par ces hommes de qualité.
On l’a vu à la CNS et même après la CNS avec les concertations du Palais de Marbre. Un autre paramètre, c’est le poids sociologique des acteurs politiques qui va légitimer les conclusions d’un tel forum pour que la population l’endosse. D’où, ce n’est pas n’importe quel parti politique qui va prendre part au dialogue.
Ici, le critère de l’assise sociologique doit être de mise. Il y a des partis politiques dont le poids sociologique est indiscutable.
On comprend pourquoi Joseph Kabila a jeté son dévolu sur l’Udps d’Etienne Tshisekedi. Il a donc frappé à la bonne parte et doit aller de l’avant dans la même direction et ne pas du tout se décourager en si bon chemin.
Alors que le résultat est à portée de la main. Pourquoi ? Parce ce que Tshisekedi Wa Mulumba tout en mettant un terme aux réunions de pre-dialogue n’a pas du tout tourné le dos au dialogue lui-même, donc au dialogue proprement dit. Ce qui dit qu’il reste ouvert sur cette matière. C’est tout dire.
Il serait illusoire d’imaginer un dialogue, sans une personnalité historique comme Tshisekedi et son Udps. C’est sur ces travers du passé qu’il faudra éviter de marcher. En effet, on s’est rendu compte que chaque fois que le Pouvoir négocie avec une certaine Opposition qui n’est que son ombre, une Opposition gentille, cela fait toujours au flop.

DES COMPROMIS QUI SONT RESTES SANS LENDEMAIN
On n’a jamais atteint le but poursuivi et ce genre de compromis est resté sans lendemain. Le Pouvoir n’a rien eu. Juste un répit. Rien que le répit. Sans plus. L’exemple le plus patent à ce sujet, ce sont les Concertations nationales tenues en février 2013. Elles ont eu lieu sans cette vraie Opposition-là au poids sociologique incontestable comme l’Udps.
Ces travaux ont montré leurs limites. Leurs Recommandations ont tourné en vaudeville. Elles nous ont rattrapé aujourd’hui où nous sommes toujours à la recherche d’une voie de sortie. Les Concertations nationales n’ont donc pas grand-chose.
Aujourd’hui, on a plus que jamais besoin d’un dialogue inclusif pour sortir le pays dans la crise politique qui la mine à ce jour. Les Concertations nationales sont derrière nous et n’ont rien balisé à ce sujet. Il faut donc que les contacts de Palais de la Nation-Limeté reprennent sans délai.
Cette fois-ci les délégués devraient éviter de commettre certaines erreurs propres aux novices en la matière. Des réunions de pré-concertations ont toujours un caractère secret pour arriver au résultat attendu.
Or on a vu certains missi dominici des deux camps violer les règles de discrétion et se livrer à une publicité tapageuse et nuisible sur le déroulé des travaux qu’ils ont mis sur la place publique.

DES NEGOCIATEURS ROMPUS CONNUS POUR LEUR EXPERTISE
Ce qui n’est pas indiqué pour des travaux qui se sont tenus à huis clos. Cela doit être évité à l’avenir. Dans la "Kabilie ", plus particulièrement, on a vu des choses étranges. Des négociateurs rompus connus pour leur expertise et expérience en la matière et qui ont réussi à jeter les bases du pont entre le Raïs Kabila et le leader charismatique de l’Udps Etienne Tshisekedi Wa Mulumba se voient tout d’un coup courcircuités, donc parasiteés par d’autres difficilement solubles dans cet exercice délicat.
Dès qu’ils sont à la manœuvre, ces " autres " montrent qu’ils ont leur propre agenda. Ils roulent pour leur propre chapelle. Ces " autre-là " défendent leurs propres intérêts. En tout cas ceux de leur mandant, le Raïs Kabila. Cette race des délégués est à extirper des rangs des concertations entre le Palais de la Nation et l’Udps.
Celles-ci doivent par ailleurs continuer dans l’intérêt du peuple congolais et non de celui de certains individus. A cette étape marquée par la rupture du pré-dialogue, la " Kabilie " est traversée par un tsunami qui frappe à tous les niveaux après l’exclusion du " G7 " de la MP.
Contrairement à ce qu’on peut penser, ce big-bang dans la maison même de Joseph Kabila est la preuve que les Congolais doivent se parler. Du reste ils n’ont pas l’habitude de se regarder en chiens de faïence pendant longtemps. Toute cette agitation dans la MP doit être perçue comme un appel d’air à un dialogue inclusif.
Pour y arriver, les deux camps qui comptent des hommes d’Etat doivent faire preuve d’un dépassement de soi. Ils doivent aller au-delà de leurs états d’âme. Ils doivent transcender leurs égos pour ne privilégier que l’essentiel. Avec le temps qui, lui, ne s’arrête pas, négocier n’est plus une option. C’est devenu un impératif. L’Horizon 2016, c’est déjà demain. Car, quelque 14 mois seulement nous séparent de cette échéance. Le temps n’est donc plus notre meilleur allié. Le compte à rebours a déjà commencé…L’axe Palais de la Nation-Limeté doit y penser et accélérer le processus du dialogue. KANDOLO M.