Or orange, l’huile de palme peut rapporter gros comme l’or noir, selon Néfertiti Ngudianza

Mercredi 19 août 2015 - 09:47

Durant la première semaine du mois d’août 2015, alors que les cours mondiaux de l’or noir, le pétrole vacillait toujours autour de 55 $ le baril, la tonne d’huile de palme se négociait à quelque 677,9 dollars sur les grandes places de l’Asie du Sud-Est, centre névralgique de production et de négoce de l’huile de palme raffinée. Comparée à juin 2015 (606,4 $/ t) ou à janvier 2015 (641,6 $/t), la hausse est plutôt considérable quand les cours mondiaux de toutes les matières premières sont au rabais. Pour la ministre du Commerce Extérieur, Néfertiti NgudianzaBayokisaKisula, la RDC a un grand coup à jouer. Et gagner gros, à moyen terme.

L’offre, dans le secteur de l’huile de palme désignée depuis un certain temps or orange, est devenue largement en dessous de la demande mondiale depuis que la Malaisie a augmenté le taux d'huile de palme contenu dans le biodiesel de 5 % à 7 %, le 1er janvier2014, et l'Indonésie l'a passé de 7,5 % à 10 %. Cette consommation accrue de biodiesel va contribuer à réduire les stocks mondiaux d'huile de palme, qui devraient baisser de 9,9 à 9,1 millions de tonnes l’an selon des experts.
Durant la décennie 1960, la RDC produisait autour 270.000 tonnes d’huile de palme l’an dont plus de 50% de la production (environ 170.000 t) était destiné au marché extérieur. Entre 1970 et 2000, sa production a chuté à 5.000 tonnes et a remonté en 2002, à 15.000 tonnes, puis depuis 2012 la production oscille autour de 50.000 tonnes. Pourtant, le potentiel de la RD dans ce domaine est énorme quand la demande mondiale va crescendo.
L’Inde et la Chine tiennent, en effet, depuis 2013, le peloton de plus grands consommateurs mondiaux. Ces deux pays, on le sait, ont noué, avec la RDC, voilà pratiquement 10 ans, des liens commerciaux plutôt rentables pour l’une ou l’autre partie. Du win-win. Lecture des experts: l’avenir de la palme est donc avant tout lié au devenir des puissances géantes émergentes du continent asiatique, qui combinent les populations les plus nombreuses du globe et des taux de croissance élevés. Mais à quoi tient donc cette ruée sur «l’or orange»? La création, il y a un peu plus de 10 ans, de la RSPO (Table ronde pour une huile de palme durable) en 2004, premier acte de régulation internationale d’une filière, est nul doute dictée par le souci de se prémunir à l’échelle mondiale d’une guerre commerciale qui irait de l’Asie du Sud en Amérique latine en passant par l’Europe et l’Afrique.
Deux pays, l’Indonésie et la Malaisie, concentrent aujourd’hui à eux seuls 87 % de la production mondiale. Du coté des consommateurs finaux, l’Inde, la Chine, l’Union européenne et le Pakistan représentent 60 % des débouchés à l’export. L’Europe (des 27), à elle seule, en accapare près de 15 %. Ses utilisations vont à 80 % des cas à l’alimentation (margarines, plats préparés, brioches, céréales, biscuits, glaces, etc.), à 19 % à des produits non alimentaires issus de l’oléochimie (cosmétiques, savons, lubrifiants, bougies, produits pharmaceutiques, etc.) et pour le 1 % restant à la production d’un agrocarburant, le biodiesel (27 % des usages pour l’Union européenne). Mais cette industrie, qui voit son avenir en rose, n’est pas sans épines. Il y a d’abord ces alertes de plus en plus alarmantes des professionnels de la santé quant à la nocivité d’un produit alimentaire que l’on retrouve partout mais qui se dissimule en petits caractères dans les étiquettes de composition des produits, le cholestérol. Il y a ensuite des soucis environnementaux. Forêts détruites, biodiversité affaiblie, libération de gaz à effet de serre, pollution et sols appauvris, le développement de la culture des palmiers à huile fait d’énormes dégâts surtout en Asie. Cependant en RDC, dans le Kongo central par exemple, l’exploitation de la mer verte des palmiers à huile le long de la route nationale n°1, tronçon Kinshasa-Banana, n’est guère de nature à susciter des ennuis écolos. C’est d’ailleurs dans la région de Mayumbe, au Kongo central, que le gouvernement grâce aux appuis financier et technique de la FAO, du PNUD, de l’USAID et l’ONUDI, lance le projet de relance de la filière palmier à huile qui s’étendra sur une durée de trois ans entre 2015 et 2018. Coût du projet : 4.359.080 dollars.
POLD LEVI