Panne

Mardi 16 septembre 2014 - 11:10

Le 15 septembre 2014, sénateurs et députés ont repris le chemin de l‟hémicycle. C‟était l‟ouverture de la session ordinaire de septembre, essentiellement budgétaire. Deux hommes ont été en vedette. Léon Kengo wa Dondo, Président de la chambre haute, et Aubin Minaku, Président de la chambre basse. Chacun a donné son feeling par rapport aux enjeux majeurs qui attendent les deux institutions dans la marche de la République, en ce qu‟il y aura des décisions importantes. Mais, l‟approche, entre les deux, a totalement divergé sur la question de la révision constitutionnelle. Minaku qui se réclame être l‟émanation directe du souverain primaire, estime que pour des questions essentielles, le peuple sera mis à contribution, probablement par référendum, ce qu‟il n‟a pas prononcé expressis verbis. Toutefois, il a rappelé que le peuple reste l‟alpha et l‟omega de tout processus constitutionnel. Léon Kengo, lui, est parti d‟un triptyque. Co-président des Concertations nationales, il est resté formel. La recommandation n°1 de la thématique « Gouvernance, Démocratie et Réformes institutionnelles » invite tous à sauvegarder le pacte républicain et au respect de la Constitution, dans ses dispositions intangibles. Comme juriste, il note qu‟une Constitution qui fixe des matières intangibles ne peut autoriser les institutions issues d‟elle à le modifier sans tomber dans un cas flagrant de violation intentionnelle de la Constitution. Comme acteur politique, Kengo ne voit pas comment l‟on peut altérer ce compromis politique sans menacer la cohésion nationale et la paix sociale. Toute analyse froide conduit à comprendre que ces interventions apportent une nouvelle tournure à l‟actualité. Elles provoquent une crise institutionnelle entre le Sénat et l‟Assemblée nationale. Il y a donc une panne d‟homogénéité au sein du même régime d‟une part et, de l‟autre, entre concertateurs. Mais, aussi, entre majorité et opposition républicaine. Manifestement, le leader de l‟opposition républicaine refuse d‟être embarqué, poings et pieds liés, dans un navire révisionniste. Parlant au nom de son institution, il sonne le tocsin. Son message, est celui relayé par plusieurs. La plateforme «Débout congolais », avec Joseph Olenghankoy, l‟église catholique par la Cenco, les laïcs, l‟opposition politique dans sa diversité et, tout récemment, c‟est plus de 650 Ongs qui l‟ont fait savoir au pouvoir. Au sein de la Majorité présidentielle, la fissure ne se décrit pas. Elle est indéniable. Le MSR, deuxième force politique de cette plateforme, avait déjà pris ses responsabilités face à l‟histoire. Dans une de ses déclarations, ce parti avait exigé un débat, franc, responsable et citoyen, sur la question de la révision. Ce que les autres sociétaires de la MP avaient rejeté. Aujourd‟hui, ils sont rattrapés par le fait, Aubin Minaku ayant invité tous à se préparer au débat. La Scode de Muyambo a aussi dit non à la révision. Que dire, si la voie de la sagesse s‟est exprimée ? Ne faut-il pas être à l‟écoute, pour travailler en faveur de la paix ? Quoi qu‟il en soit, les étincelles sont en l‟air au regard des prises de positions avancées. La panne risque d‟être irréparable.