Le pasteur Kutino Fernando libéré, l’église « Armée de Victoire » en fête

Mercredi 17 septembre 2014 - 12:12

Image retirée.Le 15 septembre 2014 restera une date inoubliable dans les annales de l’église « Armée de Victoire ». C’est le jour où son chef spirituel, l’archbishop Kutino Fernando, a recouvré la liberté. Lundi 15 septembre, l‟église de réveil « Armée de Victoire », située au croisement des avenues Assossa et Niangara dans la commune de Ngiri-Ngiri, était archicomble, et ses fidèles étaient en liesse. Et pour cause. Le pasteur Kutino Fernando, son chef spirituel, venait d‟être remis en liberté à 15h30‟, en application de l‟ordonnance présidentielle portant «mesure individuelle de grâce» promulguée la veille, dimanche 14 septembre 2014, par le chef de l‟Etat Joseph Kabila. Pour l‟exécution de cette décision, l‟Auditorat général a dû dépêcher un auditeur militaire supérieur. Ce représentant du ministère public s‟est d‟abord présenté au centre hospitalier « Nganda » de Kintambo, où était interné le détenu malade. Bien sûr, en compagnie des avocats du condamné gracié. Par la suite, tout le monde s‟est présenté à la prison centrale de Makala pour régulariser toutes les formalités de la libération définitive. Tâche qu‟ont remplie le directeur de la prison et l‟envoyé de l‟Auditorat général de la justice militaire des Forces armées de la République démocratique du Congo. C‟est donc à 15h30‟ que Kutino Fernando, marchant seul, mais tout en boitillant, a franchi le seuil de cet établissement pénitentiaire en homme libre. Cela, sous les ovations de ses fidèles accourus pour le grand événement. Directement, tout le cortège a pris la direction de la commune de Ngiri-Ngiri où se trouve son église. Là, une foule innombrable attendait son patriarche en agitant des mouchoirs et rameaux accompagnés des cris joie. Le tout s‟est clôturé par un culte d‟actions de grâces pour glorifier le Dieu Tout Puissant, Eternel des armées. Il sied de préciser qu‟au terme de cette ordonnance portant «mesure individuelle de grâce» promulguée dimanche 14 septembre 2014 par le président Joseph Kabila, le pasteur Kutino bénéficie ainsi de la remise totale de la peine restant à purger, soit trois ans. En effet, Kutino Fernando avait été condamné en appel à dix ans de servitude pénale principale pour les infractions de tentative de meurtre sur la personne du pasteur Aggrey Ngalasi Kursini de l‟église « La Louange » et détention illégale d‟armes et munitions de guerre. Le président Joseph Kabila a motivé son ordonnance portant «mesure individuelle de grâce» par sa volonté de «marquer de manière particulière la cohésion nationale par un acte individuel de clémence». Longtemps attendue et même annoncée sur certains médias et réseaux sociaux, sa libération n‟a pas eu lieu dans le cadre des vagues de libérations des prisonniers accordées en exécution de la loi d‟amnistie pour faits insurrectionnels, faits de guerre et infractions politiques. Au premier degré, Kutino condamné à vingt ans en juin 2006 Selon les autorités pénitentiaires, le pasteur Kutino n‟était pas éligible à cette mesure parce qu‟incarcéré à la prison centrale de Makala pour un crime de sang. Pour rappel, Kutino Fernando avait été condamné à dix ans de prison ferme par un arrêt de la Cour militaire de Kinshasa/Gombe rendu le 2 octobre 2008. Cette peine lui avait été infligée pour détention d‟armes et munitions de guerre et tentative de meurtre sur le pasteur Ngalasi de l‟église «La Louange».
Au sujet du feuilleton archbishop Kutino Fernando, il faudrait noter qu‟au premier degré, le jugement a été rendu le vendredi 16 juin 2006 dans un hangar de l‟Inspection provinciale de la police de Kinshasa. Il a été prononcé par le tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe présidé par le major magistrat Mbokolo Ewawa, qui y siégeait en chambre foraine. Ce tribunal avait fait application de l‟article 7 du Code pénal militaire en prononçant la peine la plus forte : vingt ans de servitude pénale principale avec 10 ans de durée minimale de sûreté incompressible, c‟est-à-dire une période pendant laquelle le condamné ne pourra bénéficier d‟aucune remise de sa peine. En plus, le pasteur Kutino avait été condamné au paiement de 50 000 francs congolais comme frais d‟instance. Celle juridiction avait également ordonné la confiscation, au bénéfice des FARDC, des armes et munitions de guerre saisies et confirmé sa détention. Quant au sort de ses coaccusés, le tribunal n‟avait prononcé qu‟un seul acquittement, celui du premier sergent major Sawa Aneko Nzapa. Les autres, notamment le l‟interprète de Kutino, Bompere Mbo, l‟enfant de rue Ngandu Junior ainsi que trois personnes en fuite avaient été condamnés à 10 ans pour les deux premiers et à 20 ans pour les autres. Il sied de noter que ce jugement avait été rendu en l‟absence de prévenus et de leurs avocats. Ayant interjeté appel, le pasteur Kutino a été condamné le jeudi 2 octobre 2008 par la Cour militaire de Kinshasa / Gombe à 10 ans de prison, tandis que ses coaccusés Bompere Mbo et Ngandu Junior ont été écopé chacun cinq ans de prison. Une précision : la Cour militaire a dû écarter la prévention d‟association de malfaiteurs retenue par le premier juge. Pour les avocats de la partie civile, ce n‟était pas un motif de satisfaction du fait que le pasteur Kutino ait été condamné. Me Bile Bokelo avait ainsi réagi à cette époque : « Mais c’est une joie, parce que le droit a triomphé et que la vérité est connue. Cette vérité, c’est qu’il est maintenant clairement établi que le pasteur Kutino avait voulu attenter effectivement à la vie du pasteur Ngalasi ». La défense par contre, rejetant cette décision, avait promis d‟aller en annulation. C‟est ainsi que les deux parties s‟étaient ensuite retrouvées devant la Haute cour militaire qui n‟a fait que confirmer l‟arrêt de la Cour militaire.