RECU HIER PAR LE CHEF DE L’ETAT AU PALAIS DE LA NATION Kengo : « Il n’y a pas d’argent pour organiser toutes les élections »

Mardi 9 juin 2015 - 06:11

Le chef de file de l’Opposition Républicaine soutient le dialogue.
Les élections prévues en 2015 en RD Congo pourraient connaître un léger report de calendrier. Non pas à cause d’une absence de volonté politique. Plutôt, faute de moyens financiers nécessaires. C’est ce qu’a déclaré hier lundi le 8 juin, Léon Kengo Wa Dondo, au sortir d’un entretien de plusieurs dizaines de minutes avec le Président de la République Joseph Kabila.

Léon Kengo Wa Dondo n’a pas été reçu en sa qualité de président de la Chambre haute du Parlement. Plutôt, en celle de chef de file d’un courant de l’anti pouvoir, estampillé Opposition républicaine (OR). C’est à ce titre qu’il a conduit hier, la délégation de sa plate-forme politique aux consultations qui ont lieu depuis huit jours au Palais présidentiel dans la commune de la Gombe. Un seul point a figuré au menu de la rencontre d’hier, Joseph Kabila – Opposition républicaine. A savoir la situation générale du pays, avec un accent particulier sur le calendrier électoral qui prévoit la tenue des premiers scrutins au cours de cette année 2015.
Fort de ses 50 ans d’expérience politique, Léon Kengo Wa Dondo aborde la question des élections sans la moindre démagogie. Selon lui, le vœu des élections apaisées et crédibles plusieurs fois exprimé par le peuple congolais, répond à certaines exigences. « Pour qu’il y ait des élections apaisées en RD Congo, il faut au préalable réunir les moyens financiers nécessaires. Lorsque je me retourne en direction du budget 2015, les ressources allouées aux élections ne sont pas suffisantes. Où allons-nous trouver de l’argent pour organiser toutes les élections prévues au cours de cette année ? », s’interroge Léon Kengo Wa Dondo.
A titre de rappel, le calendrier électoral global publié en février dernier par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), prévoit la tenue des élections locales, provinciales et celle des gouverneurs de provinces au cours de cette année. Le go sera donné par les provinciales initialement prévues au mois d’octobre prochain. Soit dans quelque quatre mois. La question fondamentale est celle de savoir si le chronogramme de la Ceni s’accompagne des moyens financiers que requiert la tenue effective de différents scrutins prévus pour ce nouveau cycle électoral.

LE DIALOGUE A TOUT PRIX
Léon Kengo Wa Dondo ne se limite pas à poser un simple diagnostic. Il prescrit aussi la thérapie nécessaire pour soigner la situation politique du pays, considérée comme une maladie. Selon lui, le dialogue est la seule voie de sortie de crise politique actuelle en RD Congo. « L’Opposition républicaine soutient le dialogue », dit-il en substance.
Doit-on déduire que cette prise de position de l’Opposition républicaine fait un revirement de dernière minute, quand l’opinion sait qu’il y a peu, cette même plate-forme de l’Opposition politique s’était opposée à toute idée d’une table ronde ? A cette question de la presse, Léon Kengo Wa Dondo répond : « Il ne faut pas globaliser ce que certains éléments de l’Opposition ont exprimé à cette occasion-là. L’Opposition républicaine que je représente est ici (ndlr : au Palais de la Nation) soutient le dialogue parce qu’elle n’est pas de cet avis-là. », a encore dit le président national du parti Union des forces du changement (UFC). Et d’ajouter : « au stade actuel de la situation, on ne doit plus juger le dialogue inopportun. »
Il convient de rappeler qu’après l’OR, Joseph Kabila a immédiatement échangé avec une délégation des regroupements et Associations membres de la Société civile, conduite par Mme Cathy Kalanga - la même. Interrogée sur les cogitations du Palais présidentiel, Cathy Kalanga, coordonnatrice de la Société civile, à la tête d’une délégation de douze personnes dont Jérôme Bonso de la Ligue nationale pour des élections libres et transparentes (LINELIT), s’est réjouie de cette initiative de Joseph Kabila. « Il faut dialoguer pour vivre en paix. Nous saluons cette volonté du Président de la république parce que ce genre de rencontre a toujours été le combat de la Société civile. La Société civile souscrit au Dialogue et y participera », dit-lle avec un ton empreint d’optimisme. Selon Mme Cathy Kalanga, la Société civile a profité de sa rencontre avec le Chef de l’Etat pour lui remettre son cahier des charges, en rapport avec la tenue du dialogue.

UNE FACILITATION BIPARTITE
En ce qui concerne la question relative à la facilitation du Dialogue qui fait également couler beaucoup d’encre et de salive au sein de la classe politique, la Société civile propose une facilitation bipartite. De la bouche de Cathy Kalanga, on aurait fait œuvre utile d’avoir un membre de la Communauté internationale et un Congolais comme facilitateur. Autrement dit, la Société civile s’oppose à l’idée d’un facilitateur neutre, souhaité par certains acteurs politiques de l’Opposition. « Le pays ne manque pas de compétences en termes de ressources humaines », poursuit Cathy Kalanga, avant de souligner que la Société civile est et demeurera à jamais, l’Eglise au milieu du village.
La dernière délégation que le Président Joseph Kabila a reçue dans la soirée d’hier, a été celle des Regroupements des femmes, conduite par Mme Elysée Minembwe. Et, parmi les douze femmes qui l’accompagnaient, figuraient entre autres Mmes Marie-Ange Lukiana Mufwankol, Thérèse Olenga et Geneviève Inagosi. Le refrain est le même. « Nous avons parlé de la situation du pays, en toile de fond, le dialogue et les élections », a déclaré Elysée Minembwe.
Considérant les différents points de vue enregistrés jusqu’ici au sujet des élections, le regroupement des femmes politiques en arrive à la conclusion qu’il y a effectivement des divergences. Partant, ce caucus de femmes joint sa voix à celles de tous les Congolais qui pensent qu’il n’y a pas meilleure recette qu’un dialogue politique sincère, gage d’un processus électoral apaisé. « Ces divergences sont une preuve de la démocratie dans notre pays. Par conséquent, ces différences ne peuvent nullement nous diviser. D’où, l’impératif d’un dialogue. Les Congolais doivent se rencontrer pour se parler. Il n’appartient pas à l’Etranger (Communauté internationale ?) de gérer nos divergences », a déclaré Elysée Minembwe, avant de conclure que la RD Congo n’a plus besoin d’un énième cycle de violence. Laurel KANKOLE