RETOMBEES DU MEMO DU G7 OLIVIER KAMITATU ET PIERRE LUMBI FRAPPÉS

Jeudi 17 septembre 2015 - 06:12

On le sentait déjà avec la réplique, hier à l’ouverture de la session de septembre à l’Assemblée nationale, d’Aubin Minaku. Prenant à contre-pied la position du groupe de sept partis dit « G7 de la Majorité présidentielle », le speaker de la chambre basse exigeait, lui, que le processus électoral à la base. Et lorsque fut annoncée la réunion du Bureau politique de la Majorité, cela renseignait déjà sur une décision face à la situation créée par le G7. C’est de la sorte que, sans surprise, le Bureau politique a pris acte de « l’auto exclusion » du G7. Aussi, ce que l’on pressentait depuis quelques temps a fini par se réaliser. Le ministre Olivier Kamitatu du Plan et le conseiller spécial Pierre Lumbi, qui n’étaient plus en odeur de sainteté avec l’Autorité morale et une bonne partie des membres de la Majorité présidentielle, ont finalement été révoqués. Ce qui pousse les observateurs à regretter que les deux précités n’aient pas anticipé en tirant les conséquences de leurs actes.
Les deux ordonnances présidentielles révoquant un membre du Gouvernement et un membre du Cabinet présidentiel
ORDONNANCE N° 15/069 DU 16 SEPTEMBRE 2015 PORTANT REVOCATION D’UN MEMBRE DU GOUVERNEMENT

Le Président de la République,
Vu la Constitution, telle que modifiée par la loi n° 11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006, spécialement en ses articles 78, 79 et 90 ;
Vu l’Ordonnance n° 12/003 du 18 avril 2012 portant, nomination d’un Premier Ministre ;
Vu l’Ordonnance n° 15/014 du 21 mars 2015 portant organisation et fonctionnement du Gouvernement, modalités pratiques de collaboration entre le Président de la République et le Gouvernement ainsi qu’entre les membres du Gouvernement, spécialement en ses articles 13, 26, 2,7, 37 et 38 ;
Revu l’Ordonnance n° 14/028 du 07 décembre 2014 portant nomination des Vice-Premiers Ministres, des Ministres d’Etat, des Ministres et des Vice-Ministres, spécialement en son article 3, point 8 ;
Considérant que le Membre du Gouvernement concerné a gravement manqué aux devoirs déontologiques auxquels sont soumis les Membres du Gouvernement, notamment l’obligation de réserve et de discrétion en toutes circonstances ;
Vu l’urgence et : la nécessité ;
Sur proposition du Premier Ministre ;
ORDONNE
Article 1 : Est révoqué de ses fonctions de Ministre du Plan et Suivi de la Révolution de la Modernité, Monsieur Olivier KAMITATU
Article 2 : Le Premier Ministre est chargé de l’exécution de la présente Ordonnance qui entre en vigueur à la date de sa signature.
Fait à Kinshasa, le 16 septembre 2015
Joseph KABILA KABANGE

Augustin Matata Ponyo Mapon
Premier ministre

ORDONNANCE N° 15/070 DU 16 SEPTEMBRE 2015 PORTANT REVOCATION D’UN MEMBRE DU CABINET DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Le Président de la République ;
Vu la Constitution, telle que modifiée par la Loi n° 11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006, spécialement en ses articles 69 et 79 ;
Vu l’Ordonnance n° 09/003 du 30 janvier 2009 portant organisation et fonctionnement : du Cabinet du Président : de la République, spécialement en ses articles 3, 16, 17 et 19 ;
Considérant les manquements graves de l’intéressé aux devoirs déontologiques auxquels sont soumis les membres du Cabinet du Président de la République ;
Vu la nécessité et l’urgence ;
ORDONNE :
Article 1er : Est révoqué de ses .fonctions de Conseiller Spécial du Chef de l’Etat en matière de Sécurité, Monsieur Pierre LUMBI OKONGO.
Article 2 : Sont abrogées, toutes les dispositions antérieures contraires à la présente Ordonnance.
Article 3 : Le Directeur de Cabinet du Président de la République est chargé de l’exécution de la présente Ordonnance qui entre en vigueur à la date de sa signature.
Fait à Kinshasa, le 16 septembre 2015
Joseph KABILA KABANGE

DECLARATION DU BUREAU POLITIQUE DE LA MAJORITE PRESIDENTIELLE DU 16 SEPTEMBRE 2015
1. Le Bureau Politique de la Majorité Présidentielle (MP) s’est réuni ce mercredi 16 septembre 2015 avec son Allié le PALU sous la présidence de l’Honorable Aubin Minaku, Secrétaire Général de la MP pour examiner le contenu du Mémorandum du 14 septembre 2015 adressé par 7 partis membres de la coalition au Président de la République et Autorité Morale de la MP.
2. Le Bureau Politique de la MP et le PALU ont noté l’altitude inélégante des auteurs du mémorandum qui les a conduit à donner une publicité tapageuse à des analyses qui devaient être discutées en interne. Il en est de même de la volonté délibérée de surenchérir sur les peurs irrationnelles entretenues par une certaine opposition, un véritable paradoxe de ta part des auteurs qui se déclaraient pourtant toujours sociétaires de la Majorité Présidentielle.
3. Affirmant vouloir consolider la démocratie et la paix civile et épargner !e pays d’une crise politique aux conséquences imprévisibles, les signataires reprennent à leur compte les procès d’intention faits par l’opposition à l’Autorité Morale de la MP accusé de vouloir réviser ou changer la constitution tout en décriant le passage de 11 à 26 provinces prévu par ladite constitution, lis dénient au parlement le droit de réviser la loi électorale, et refusent l’organisation des élections locales et municipales qui, à leur avis, affaibliraient la cohésion nationale et ralentiraient le processus de démocratisation qui ne serait pas opérationnelle à la base.
4. Les signataires se situent ainsi aux antipodes des options concertées au sein de la MP et ses alliés notamment celles du passage effectif de 11 à 26 provinces et de la résorption des arriérés électoraux de 2006 et 2011 avant les scrutins provinciaux, sénatoriaux, législatifs et présidentiel qui priveraient l’opposition d’un argument de campagne contre la Majorité au pouvoir pendant ces ceux quinquennats. A l’instar, de l’opposition, ils font état de "doutes de plus en plus grands " qui auraient gagné de ce fait la société congolaise et qui auraient écorné le " contrat de confiance entre te pouvoir et le peuple ", Dans le paragraphe 4 de leur mémorandum, devenus tout à coup " neutres ". Ils font état des " échecs et des erreurs " et n’évoquent Faction positive de transformation structurelle, de la société congolaise et de l’économie du pays sous le leadership du Président Kabila qu’en la conjuguant au passé et en l’engloutissant dans les grosses vagues des préoccupations dites "insatisfaites " (inégalités, pauvreté).
5. A l’évidence, les auteurs du mémorandum ont pris fait et cause pour l’opposition. Nul n’ignore en effet que l’agenda électoral chahuté n’est pas l’œuvre de la majorité comme ils le prétendent et que les contraintes auxquelles ils font allusion avaient été exprimées en leur temps par le gouvernement et la MP, en vain face à une opposition intraitable. En lieu et place des solutions alternatives crédibles, ils préfèrent s’adonner à instrumentaliser des peurs irrationnelles pour un objectif de positionnement politique. Alors que le respect de la constitution a toujours été une constante dans les déclarations et les actes du Président, le mémorandum fait croire le contraire, exposant gratuitement notre Autorité Morale à la vindicte publique. Les félicitations de l’opposition aux signataires en font foi.
6. Les auteurs du mémorandum affaiblissent les institutions de la République en s’en prenant véhémentement au parlement où la MP est majoritaire pour avoir adopté une loi en matière de répartition des sièges pour les élections locales et municipales et à la Cour constitutionnelle pour avoir pris un arrêt ordonnant au gouvernement de prendre les mesures exceptionnelles susceptibles de mettre un terme à l’anarchie dans la gestion des nouvelles provinces. Comme s’il fallait une autorisation particulière pour que ces institutions publiques exercent leurs attributions constitutionnelles.
II appert clairement que les auteurs du mémorandum se sont auto exclus de la MP. Ils l’ont manifesté en quittant eux-mêmes la séance du Bureau Politique avant la fin de celle-ci.
Le mémorandum livre à cet égard une perception dichotomique de la Majorité Présidentielle. Pire, il jette l’opprobre sur la Majorité en confortant l’idée selon laquelle celle-ci aurait des visées anti-démocratiques que les signataires se sont donnés la mission de pourfendre.
En fait, ils désespèrent de la Majorité Présidentielle et ce son Autorité Morale et veulent se positionner par rapport à l’avenir qu’ils estiment appartenir à l’opposition et à des tireurs de ficelles étrangers dont l’ingérence dans les affaires domestiques au Congo-Kinshasa est un lieu commun.
Vu ce qui précède, il ne reste aux signataires qu’â tirer les conséquences du choix stratégique qu’ils ont ainsi opéré en faisant simplement le constat qu’ils ont choisi de quitter la Majorité Présidentielle pour rejoindre les rangs de l’opposition.