Révolution industrielle à Goma : des pierres de laves transformées en ciment gris

Jeudi 22 octobre 2015 - 11:00

Le génie congolais continue de faire ses preuves. Dans la ville de Goma (Nord-Kivu), des pierres de laves du volcan sont transformées en ciment. Ce qui pallie la difficulté des consommateurs de cette partie du pays à s’approvisionner en ciment.

Le volcan Nyiragongo dans la ville de Goma ne crache pas que de feu. Un opérateur économique de la province a conçu un projet d’extraire des pierres de laves volcaniques et en faire du ciment. Aux yeux de certains analystes, c’est un exploit pour l’économie congolaise en général et celle du Nord-Kivu en particulier.

C’est au pied du volcan, sur une petite colline dans la bourgade de Kanyaruchinya, que se trouve le carré minier de la cimenterie. Sur place, l’on extrait les pierres de laves volcaniques pour en faire du ciment. L’ambition de l’entreprise. « Nyiragongo » qui a pris le nom du volcan, c’est d’être un opérateur cimentier reconnu dans un secteur aussi stratégique pour le développement, un acteur professionnel et compétitif diversifiant l’offre .Une vision que pilote un certain Tana Twagira, opérateur économique et propriétaire de l’usine. « Des analystes ont étudié les pierres volcaniques et m’ont prouvé comment on peut transformer la lave en ciment, en utilisant 25% des pierres. Ce qui m’a poussé à construire une usine de production de ciment », a-t-il déclaré.

La politique de cette entreprise est fondée sur la production, la commercialisation et le développement des matériaux et services innovants pour ses clients. «C’est une fierté d’avoir du ciment produit au Congo. On était habitué à consommer du ci ment qui venait de l’étranger, notamment de l’Ouganda, du Kenya et même de la Tanzanie. Aujourd’hui, nous sommes fiers d’avoir du ciment produit localement avec notre pierre de lave », a témoigné sur BBC-Afrique, un consommateur du ciment de Nyiragongo.

Selon lui, le prix d’un sac est bas mais pas très loin du ciment importé. «Mais si on peut épargner 1 dollar et demi sur un sac de ciment et qu’on en utilise 100 ou 1500 sur un chantier, l’on fait quand même un gain », ajoute-t-il. L’usine de ciment «Made in Goma » qui produit environ 50 tonnes, soit 1 000 sacs de ciment par jour séduit déjà les acheteurs locaux. Mais cette production est loin de couvrir les besoins nationaux. Ainsi Tana Twagira compte doubler la production d’ici l’année prochaine. « Malgré la petitesse de l’unité de production, nous produisons 50 tonnes par jour. A mi-mai, nous pourrons produire jusqu’à 500 tonnes. D’autant plus nous avons le soutien total du gouvernement. Cela fait un mois depuis que nous avons commencé à produire à Bukavu (Sud-Kivu). Le ciment importé est à 17 dollars américains et le nôtre coûte 15 par sac de 50 kilos.

Nous vendons moins chère et la qualité est très bonne. Nous allons réduire le prix dès que la production va augmenter », a-t-il indiqué. Avec une forte demande sur le marché, estiment certains experts, l’usine de production de ciment à partir de la lave volcanique pourrait créer la concurrence dans le secteur du bâtiment dans l’Est du Congo.

 

Olivier KAFORO