RDC : Greenpeace Afrique déplore l’attitude de la société civile GTCRR qui défendrait la violation du code forestier par la ministre de l’environnement

Lundi 15 avril 2024 - 09:44
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Les relations entre Greenpeace Afrique et le Groupe de travail climat REDD rénové (GTCRR) sont actuellement marquées par des contractions et l’expression « je t’aime moi non plus ». Et pourtant, les deux organisations de la société civile environnementale, l’une internationale et l’autre nationale, disent défendre les intérêts des communautés locales et peuples autochtones.

Le communiqué publié par Greenpeace le 8 avril dénonçant l’attribution « illégale » de 1 million d’hectares de forêts à la société WWC par la ministre de l’Environnement Eve Bazaiba est en toile de fond de cette crise. Le GTCRR n’a pas tardé à réagir en  qualifiant le 10 avril dernier de "tendancieuses" ces affirmations présentées d’une manière globale qui ne sont « ni cohérentes et moins encore objectives ».

Greenpeace n’a pas à son tour tardé à réagir à la sortie médiatique du GTCRR. Dans un communiqué publié le vendredi 12 avril, cette organisation internationale dit être consternée du fait que le GTCRR trouve normal que la ministre de l’Environnement attribue à une seule société plus de 500.000 hectares de forêts en violation du code forestier.

« S’il est regrettable que le GTCRR n’ait pas précisé la source de ses données, ni expliqué en quoi elles seraient plus officielles que celles du Journal Officiel. Il est plutôt consternant que le groupe n’ait pas jusqu’ici cru bon de faire état publiquement de l’attribution de ces méga contrats. Car le GTCRR ne semble pas du tout contester  le fait qu’une seule personne morale, WWC, se soit attribuée des concessions dont la superficie dépasse de loin la limite légale de 500.000 ha. Par contre, ses arguties selon lesquelles les 3 filiales de WWC n’ont pas les mêmes actionnaires et ont été enregistrées distinctement au Guichet Unique sont lamentables », lit-on dans ce communiqué.

Pour Greenpeace, le GTCRR n’est pas porte-parole de la ministre de l’Environnement. C’est à elle seule d’expliquer pourquoi elle a attribué à WWC 1 million d’hectares de forêts en foulant au pied l’article 92 du code forestier.

« La redevabilité des responsables politiques de ce pays ne débutera pas tant qu’on continue à permettre aux multinationales de faire le petit malin.  On sait très bien que la Société de restauration forestière et d’aménagement (SORFA) c’est WWC, que ERA Congo c’est WWC et que WWC-Congo c’est WWC », ajoute Greenpeace.

Concernant le non paiement de la caution par l’une des filiales de WWC pour obtenir une concession de 114.000 hectares à Bikoro, à l'Equateur, et une autre de 282.950 hectares à Basoko, dans la Tshopo.

« Est-ce bien une garantie bancaire, le fait d’avoir de l’argent sur son compte ?  Et quid si on le dépense le lendemain ? Quoi qu’il en soit, ce serait intéressant de voir le bout de papier que la SORFA aurait présenté à Eve Bazaiba et à ses accompagnateurs de la société civile. Avoir un compte bancaire avant d’être immatriculée au registre du commerce ne posait-il pas de problème pour la  société ? », s’interroge Greenpeace.

Et de poursuivre:  « Malheureusement, à notre constat que la SORFA a signé ses contrats avant d’avoir été inscrite au registre de commerce, le GTCRR n’a pas répondu, ni le ministère non plus. Il est curieux que, une fois de plus, le GTCRR réagisse à un communiqué de Greenpeace Afrique à la place de la ministre ».

Bienfait Luganywa