A l’occasion du 5ème anniversaire du double assassinat de F. Chebeya et F. Bazana:La thèse du crime d’Etat soutenue par des ONG

Mardi 2 juin 2015 - 11:10

La famille Bazana réclame le corps du chauffeur de Chebeya

1er juin 2010-1er juin 2015, cinq ans jour pour jour depuis que les braves défenseurs des droits de l’homme et membres de la Voix des Sans voix pour les Droits de l’Homme(VSV), Floribert Chebeya et Fidèle Bazana Edadi ont été assassinés à Kinshasa, dans les installations de l’Inspection Générale de la Police Nationale Congolaise (PNC) dans la commune de Lingwala.

A l’occasion des manifestations commémoratives marquant le cinquième anniversaire de l’assassinat de ces défenseurs des Droits de l’homme, les organisations de la société civile de défense et de promotion des droits de l’homme dont la VSV et le Renadhoc ont organisé une manifestation gigantesque pour rendre hommage à ces braves combattants des droits de l’homme et de la démocratie.

Tout a commencé par le recueillement sur la tombe de feu Floribert Chebeya au cimetière de Mbenseke Futi/Nouvelle cité en présence des délégués des ONGDH et des diplomates représentant certaines missions diplomatiques occidentales sans oublier les représentants des organismes internationaux comme le Centre Carter et BCNUDH (Bureau conjoint des Nations Unies pour les droits de l’homme).

Dans son intervention pour faire un état de la procédure du dossier Chebeya et Bazana devant la Haute Cour Militaire(HCM), Me Jean Marie Kabengela Ilunga, l’un des avocats des parties civiles dans cette affaire parle de parodie de justice.

» Nous sommes devant une parodie de justice, corolaire du caractère de crime d’Etat attaché à l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana « , a-t-il dit.

Pour cet avocat bien connu dans les dossiers sensibles comme les affaires Kamerhe, Martin Mukonkole, Chalupa, Ewanga, le caractère de crime d’Etat n’est plus à démontrer dès lors que l’on se rend compte que ces défenseurs des droits de l’homme ont été tués par les dépositaires de l’autorité de l’Etat, dans les installations de l’Etat.

Il a signalé que les meurtriers de Chebeya et de Bazana ont bénéficié de la protection des autorités publiques pour quitter le pays que Paul Mwilambwe qui voulait comparaitre devant le premier juge, mais il avait été soustrait à la justice.

Me Jean Marie Kabengela Ilunga fustige le manque d’indépendance de la justice congolaise qui, malgré les charges qui pèsent sur le général John Numbi, le suspect N°1 de cette affaire, la justice met toujours hors cause cet Officier.

A en croire Me Kabengela, la dernière décision de la Haute Cour Militaire ordonnant le sursis de poursuites à l’égard des prévenus fugitifs ne rentre que dans le plan d’assurer l’impunité à ceux qui ont tué Chebeya et Bazana dont l’activisme en matière des droits de l’homme dérangeaient certaines autorités du pays.

Pendant ce temps, les avocats des parties civiles sont entrain d’étudier la conduite des juges et leurs décisions et une décision sera prise dans l’intérêt des victimes.

Rendez le corps de Bazana à sa famille

Dans son mot de circonstance, la famille Bazana demande à la justice de faire son travail pour la vérité s’éclate sur ce dossier.

» Au nom du respect des droits de la personne humaine, de l’instauration d’un Etat de Droit et d’une société réellement démocratique, nous, les membres de famille de Fidèle Bazana déclarons et demandons que la justice soit rendue et, que les vrais auteurs, co auteurs, complices ou commanditaires de cet acte odieux d’assassinat soient bien identifiés, jugés et condamnés » tance Mabange Tharcisse.

» Que le corps du défunt nous soit remis pour des funérailles dignes et conformes à notre coutume. Que les dommages et intérêts conséquents soient alloués à la famille de la victime « , a-t-il martelé.

De son coté, la sœur ainée de feu Floribert Chebeya, Adélaïde Chebeya Tshibalonza estime que le double assassinat de Chebeya et Bazana était planifié, mais elle a regretté des manœuvres mises en place pour que la population oublie le cas Chebeya et Bazana.

Elle a fustigé ce qui se passe actuellement devant la Haute Cour Militaire où le suspect N°1 est écarté des poursuites. Ce qui confirme, selon elle, qu’il s’agit d’un crime d’Etat surtout que la justice au premier degré a relevé l’existence d’une association des malfaiteurs, d’un enlèvement et de l’assassinat de Chebeya et Fidèle Bazana.

Dans son intervention, le représentant du ministre de la Justice et Droits Humains a reconnu les mérites et le courage de Floribert Chebeya dans la défense et la promotion des droits de l’homme en RDC. » Floribert Chebeya était un grand défenseur des droits de l’homme que le pays n’oubliera jamais « , dit il.

Témoignages éloquents

Avocat et fervent défenseur des droits de l’homme avec son Ongdh Toges Noires, Me Mwila Kayembe a, dans son témoignage éloquent, qualifié Chebeya de Père fondateur du Mouvement congolais des Droits de l’Homme, Martyr de la Démocratie, des Droits de l’Homme et de la redevabilité publique et un Esprit Consolateur et interpellateur du Mouvement congolais des Droits de l’Homme.

Pour Mme Philomène Mukendi de l’ONG » Anges du Ciel pour les droits de l’homme « , Floribert Chebeya était pour elle un maitre, un rassembleur.

De son vivant, Floribert Chebeya ne devrait prendre aucune initiative sans associer d’autres collègues défenseurs des droits de l’homme, témoigne-t-elle. Pour elle, Chebeya était un homme d’un courage exceptionnel. Il défendait tout le monde sans distinction.

» Homme généreux, Floribert Chebeya était un meneur d’hommes et un fervent défenseur des droits de l’homme. Sa disparition a été un choc pour moi car, il est difficile jusqu’à ce jour de voir un autre collègue se sacrifier autant que lui, il a laissé un vide dans le mouvement de droits de l’homme « ,affirme t elle.

Par Godé Kalonji Mukendi