Education : un larbin nommé Augustin Matata Ponyo

Vendredi 19 décembre 2014 - 10:53

A l’occasion de la signature de la pétition mondiale "Debout pour l’école", le Premier ministre Augustin Matata Ponyo a déclaré que c’est un "privilège" d’avoir "Joseph Kabila" à la tête de l’Etat congolais. Flatteur va!

En présence de la directrice générale de l’Unesco, la Bulgare Irina Bokova, et de l’Envoyé spécial des Nations Unies pour l’Education, Gordon Brown, le Premier ministre Augustin Matata Ponyo a signé mardi 16 décembre la pétition mondiale en faveur de l’éducation au cours de la cérémonie de lancement de l’Initiative «Up for school» (Debout pour l’école) au Congo-Kinshasa. La manifestation a été organisée à l’Université protestante au Congo (UPC), à Kinshasa.

Friand des propos dénués de toute originalité, le "Premier" congolais a commencé par déclarer que "l’éducation est la meilleure arme pour changer le monde". Et d’ajouter : "la meilleure façon d’être développé, c’est d’avoir une éducation de qualité". Comment a-t-il trouvé tout ça?

Au lieu de s’arrêtera là, Matata de lancer sans rire : "les Congolais ont le privilège d’avoir un président de la République, Joseph Kabila Kabange, pour qui l’éducation est la fondation de toute réussite". Ah bon! A quelques vingt mois de la fin du second et dernier mandat de "Joseph Kabila", Matata conclut que "la vision du gouvernement congolais est désormais tournée vers l’émergence, vers l’amélioration de la qualité de la vie". Des mots. Rien que des mots. Des mots indignes de la part d’un homme qui aime s’affubler du titre de "technocrate". C’est-à-dire tout le contraire du professionnel de la politique.

Le 26 janvier prochain, le successeur de Mzee LD Kabila devrait commémorer le 13ème anniversaire de son accession à la tête de l’Etat. Dans certaines démocraties occidentales, cela fait un total de trois mandats. C’est le cas notamment aux Etats-Unis d’Amérique. Quel en est le bilan de ce président "pour qui l’éducation est la fondation de toute réussite"? Combien d’enfants congolais ont pu suivre un cycle complet de l’enseignement primaire durant ce laps de temps? Combien d’hommes et des femmes ont appris à lire et à écrire? S’agissant de "la vision du gouvernement tournée vers l’émergence", peut-on réaliser en vingt mois ce qu’on n’a pu faire en treize ans?

Les propos de Matata frisent tout simplement le ridicule. L’homme a compris que la flatterie est une arme imparable pour pérenniser sa carrière. Et pour cause, le chef de l’Etat exerce l’effectivité du pouvoir exécutif alors qu’il est politiquement irresponsable. Qui oserait rappeler au "faiseur de rois" qu’est "Joseph Kabila" que c’est "le gouvernement qui conduit la politique de la Nation" (article 91-2) et que le même gouvernement "dispose de l’administration publique, des Forces armées, de la Police nationale et des services de sécurité" (article 91-4)?

Lors de cette cérémonie, la patronne de l’Unesco a ramené le "chef" du gouvernement congolais au véritable débat. A l’essentiel. Elle lui a dit son émotion après avoir entendu les témoignages des "ambassadeurs de la jeunesse pour la paix" au Congo-Kinshasa sur les causes qui poussent les enfants à rester en dehors de l’école. Irina Bokova a insisté sur le fait que "l’éducation est un droit pour chaque enfant". Elle a conclu que l’Unesco déploie des efforts pour promouvoir "une éducation pour tous, mais une éducation de qualité". Pour elle, "c’est la meilleure façon de lutter contre la pauvreté".

Notons que les initiateurs de cette pétition mondiale en faveur de l’éducation vise à récolter 1.000.000 de signatures au Congo-Kinshasa pour un total de 12.000.000 de signatures attendues au niveau mondial.

Baudouin Amba Wetshi (avec ACP)