L’équipe du FMI parvient à un accord avec la RDC au niveau des services pour la 5e revue de la Facilité élargie de crédit

Mardi 31 octobre 2023 - 21:34
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La République Démocratique du Congo et une équipe le Fonds monétaire international (FMI) sont parvenues à un accord au niveau des services sur les politiques économiques en vue de la conclusion de la cinquième revue du programme triennal soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC).

L’annonce a été faite par cette équipe dirigée par Calixte Ahokpossi, à l’issue des réunions avec les autorités à Kinshasa du 18 au 31 octobre 2023, consacrées aux progrès des réformes et des politiques des autorités dans le cadre de la cinquième revue de l'accord triennal de la RDC au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC).

Comme le rapporte le communiqué de presse du FMI dont une copie est parvenue ce mardi 31 octobre 2023 à la rédaction de 7SUR7.CD, ledit accord a été approuvé par son Conseil d'administration le 15 juillet 2021 pour un montant total de 1 066 millions de DTS (environ 1,52 milliard de dollars).

Dans une déclaration publiée à l’issue de la mission, M. Ahokpossi, indique la même source, a souligné que l’achèvement de la revue permettra le décaissement de 152,3 millions de DTS. 

« Sur la base d'une évaluation préliminaire de la performance du programme et d'un accord sur les politiques économiques à mettre en œuvre, les autorités de la République démocratique du Congo et l'équipe du FMI sont parvenues à un accord au niveau des services sur les politiques économiques en vue de la conclusion de la cinquième revue de l'accord au titre de la FEC. Sous réserve de l'approbation de la direction du FMI et de son examen par le Conseil d’administration du FMI attendu d’ici la mi-décembre 2023, l’achèvement de la revue permettra le décaissement de 152,3 millions de DTS pour constituer des réserves internationales », a-t-il dit. 

Malgré un environnement difficile et incertain, estime-t-il, l’économie reste résiliente. Tirée par un secteur extractif dynamique, la croissance devrait dépasser 6% en 2023, malgré la chute des prix du cobalt et l’insécurité à l’Est. La dépréciation du franc congolais a pesé sur l'inflation, qui a accéléré à 23,3% sur un an en juillet 2023, avant de revenir légèrement en dessous de 22% en octobre 2023. Pour contenir les pressions inflationnistes, la Banque centrale du Congo (BCC) a augmenté son taux directeur de 1 400 points de base en août, à 25%.

À l’en croire, les recettes intérieures du gouvernement ont été inférieures aux prévisions du programme sur les trois premiers trimestres de 2023. En réponse, les dépenses ont été ajustées pour donner la priorité aux dépenses liées à la sécurité et aux élections, ainsi qu’à d’autres dépenses courantes plutôt qu'au remboursement des arriérés.

« Les réserves internationales brutes ont modérément augmenté à environ 5,0 milliards de dollars fin octobre 2023, la position extérieure faisant face à plusieurs vents contraires. Le déficit du compte courant est resté élevé, les recettes fiscales minières libellées en dollars ont été inférieures aux prévisions et la BCC est intervenue de manière significative face à des pressions à la dépréciation du taux de change », lit-on dans le communiqué de presse du FMI. 

Dans un contexte de fortes incertitudes, note le FMI, il est important que les politiques économiques restent prudentes et que les réformes se poursuivent.

« Sur le plan budgétaire, il est crucial de garder les dépenses non essentielles sous contrôle, de rationaliser les dépenses en biens et services, tout en préservant les dépenses sociales et les investissements prioritaires », écrit le FMI. 

Dans ce contexte, affirme notre source, la mission a salué la récente décision des autorités d’augmenter les prix à la pompe et de rembourser une partie des arriérés de subventions aux carburants. 

« Les politiques budgétaires doivent être soutenues par des efforts de réforme continus pour améliorer le processus budgétaire, renforcer la gouvernance budgétaire et améliorer l’efficacité des dépenses. Ces efforts incluent l'opérationnalisation de la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique, des progrès vers le compte unique du Trésor et le renforcement du contrôle des dépenses en procédures d'urgence », rapporte notre source. 

Sur le plan monétaire, recommande le FMI, la BCC devrait renforcer la mise en œuvre de la politique monétaire afin de contenir les pressions inflationnistes. 

« La flexibilité du taux de change reste essentielle pour absorber les chocs extérieurs et préserver les réserves. Les interventions sur le marché des changes devraient se limiter à atténuer les épisodes d’extrême volatilité du taux de change. Le FMI continuera également à soutenir des réformes ambitieuses visant à renforcer la stabilité financière et à améliorer l’accès aux services bancaires », note le communiqué. 

Pour la délégation du FMI, les autorités devraient intensifier leurs efforts pour améliorer la transparence et la gouvernance, y compris via l’engagement continu à publier en temps opportun les contrats miniers et des institutions de contrôle fortes, telles que la Cour des Comptes ou l'Inspection générale des finances. 

« Des progrès décisifs sont nécessaires pour rendre efficace la loi sur la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (LCB/FT) et pour mettre en œuvre le plan d’action visant à sortir de la liste grise du Groupe d’action financière », indique le communiqué.

Notons qu’à Kinshasa, la mission du FMI a rencontré le directeur de cabinet de la Présidence de la République Guylain Nyembo Mbwizya, le vice-Premier ministre et ministre de l'Economie Vital Kamerhe, le vice-Premier ministre et ministre de la Fonction publique Jean-Pierre Lihau, le ministre des Finances Nicolas Kazadi, la ministre de l'Emploi, du Travail et de la Protection sociale Claudine Ndusi, le vice-ministre du Budget Elysée Bokumuamua Maposo, la vice-ministre des Finances O'Neige N'Sele Mimpa, la gouverneure de la BCC Malangu Kabedi Mbuyi, d'autres hauts fonctionnaires, des partenaires au développement ainsi que des représentants du secteur privé et des organisations de la société civile.

Christian Dimanyayi